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Pages d'histoire Tracts et journaux clandestins

29 novembre 2019

l’autre côté du miroir

Les journaux officiels obéissent aux consignes de l’administration vichyste et de l’occupant. Les articles sont tous soumis à la censure préalable lorsque le Maréchal Pétain est en cause et lorsqu’il est fait directement allusion aux opérations de guerre. Les « blancs » disparaissent. Les livres, pièces de théâtre sont soumis à la censure. Il est interdit d’annoncer les suspensions de journaux qui ont un caractère de sanction, de faire allusion au monde téléphonique, télégraphique et postal. Il ne peut être fait obstacle à la politique de collaboration. Les communiqués de guerre allemands et italiens sont obligatoires. Les articles sur les exécutions capitales sont interdits…

Toute distribution ou découverte de tracts clandestins est soumise à enquête de la police judiciaire et des renseignements généraux. Le Préfet en est immédiatement informé. Ces tracts sont soit transmis soit recopiés. Ils sont décrits de façon précise. L’enquête donne lieu à des perquisitions, des interrogatoires, des arrestations. L’utilisation de la délation est notoire sans toutefois révéler le nom de l’auteur des renseignements. Celui qui trouve un tract ou un journal clandestin dans sa boîte aux lettres peut être amené à le remettre aux autorités afin de se disculper. Enfin, le Bureau politique et le service de police du 7ème corps d’armée italien mènent une traque systématique et invitent le préfet à une collaboration active.

Les tracts sont d’abord dirigés contre l’occupant fasciste : le 30 novembre 1789, date du rattachement volontaire des Corses à la France, devient un symbole pour que vive la Corse française. Tracts exhortant à la liberté contre les Italiens mais aussi contre l’administration de Vichy, contre les collaborateurs et les dénonciateurs de patriotes. Tracts enfin qui protestent contre la pénurie et les incuries du ravitaillement : le « Comité populaire des ménagères de Bastia » invite à envahir les dépôts de vivres réservés à l’occupant lucquois.

« Non, pas un jeune Corse pour les camps hitlériens » : la « relève », puis l’instauration du S.T.O. (Service du travail obligatoire) devient une source massive de résistance dans l’île. Les jeunes Corses travailleront dans les camps de Bocognano et de Vivario pour les Italiens.

Dans l’été 1943, alors que le recul de l’Axe s’affirme en Méditerranée, les tracts s’adressent à des catégories spécifiques de la population : le Front National de lutte pour la libération de la France s’adresse aux magistrats et agents de la force publique. Le Comité départemental du Front National rappelle aux policiers, gendarmes et fonctionnaires que l’heure de la libération approche et fait appel à leur patriotisme. D’autres sont dirigés contre les collaborateurs, « les bâtards corses » : L’heure de la vengeance sonnera. Les soldats italiens sont informés de défaites de Mussolini en Sicile et du champ de bataille créé par les Allemands dans leur pays. Des tracts anglo-saxons sont envoyés en Corse par parachutages. Toutes ces informations circulent, ainsi que celles qui proviennent de radios clandestines très écoutées aux dires des renseignements généraux.

Evelyne Torre

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