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Pages d'histoire Les résistants dans la nouvelle vie politique

29 novembre 2019

Là comme ailleurs, l’espoir d’un pouvoir de type nouveau issu de la Résistance est déçu mais il y a un renouvellement du personnel politique. Il faut attendre 1945 pour organiser des élections. Cependant le débat politique reprend dès la libération.

Effets directs de l’insurrection qui suit l’armistice italien du 8 septembre 1943.

Du 9 au 14 septembre, les résistants, sous la conduite du Front national dont les dirigeants sont majoritairement des communistes, s’emparent des pouvoirs locaux. Le 14 septembre, le Préfet, arrivé d’Alger, Luizet, signifie sa mission : restaurer un pouvoir d’Etat avec la coopération de toutes les forces résistantes.

Les tensions politiques avant les élections.

Le 12 octobre, un Comité Départemental de Libération qui intègre les représentants de la Résistance non communistes, France combattante, dirigé par Paul Giacobbi est substitué au Conseil de préfecture que contrôlaient les communistes. Les communistes quittent le CDL en 1944. En avril, installation d’une commission départementale intérimaire faisant fonction de conseil général avant les élections. Paul Giacobbi est élu président.

Elections de 1945

Les 20 avril et 13 mai les élections municipales sont un succès pour les listes du Front national qui remporte 189 communes. Arthur Giovoni l’emporte à Ajaccio, avec une coalition communiste-socialiste, sur deux concurrents, résistants aussi : Eugène Macchini, maire sortant, et André Salini, radical, ancien de « Combat ». A Bastia, une autre coalition Front national ramène à la mairie Hyacinthe de Montera, écarté par Vichy en 1941, et vaut au communiste Pierre Giudicelli le poste de premier adjoint. La liste radicale de Jean Zuccarelli (ancien de « Combat » et de R2 Corse) et de Jacques Faggianellli maire de la Libération est battue. Sartène va à un communiste et Corte à un socialiste qui se réclament tous deux du Front national. Au total, si l’on retient les appartenances politiques, la tendance radical-socialiste, la plus puissante avant-guerre, dispose de 112 communes. Les socialistes de 21. La droite (ancien clan Pietri) dont le nouveau leader est Jacques Gavini, n’est pas absente : elle a 43 communes.

Les 23 et 30 septembre 1945 ont lieu les élections cantonales. 62 conseillers généraux sont élus : 32 radicaux, 13 socialistes, 3 communistes. La droite, sous l’étiquette « Républicains de Gauche » a 14 sièges. A Ajaccio, Achille Peretti (Union Nationale Gaulliste), qui fut à l’origine du recrutement du réseau de Fred Scamaroni, bat le candidat communiste avec le soutien des bonapartistes et des radicaux. Arthur Giovoni est battu à Saint-Marie-Sicché par un radical-socialiste, Simon Cotoni. Jean Zuccarelli est élu à Sermano et Marie-Claire Scamaroni à Bonifacio. 24 des conseillers élus radicaux ou socialistes (un seul communiste) se sont présentés avec l’investiture Front national. Paul Giacobbi est élu président. Il est alors ministre des Colonies dans le gouvernement de De Gaulle.

A partir d’octobre 1945, les radicaux et le Comité central bonapartiste font alliance. Le 21 octobre, ce sont les élections à l’Assemblée constituante avec un scrutin de liste départemental à la proportionnelle. Sont élus Arthur Giovoni et Paul Giacobbi, les deux principaux représentants de la Résistance, ainsi que l’ancien leader de la gauche non communiste, Adolphe Landry, et le nouveau leader de la droite, Jacques Gavini (trois d’entre eux sont réélus un an après aux législatives : Giovoni, Giacobbi et Gavini). Pour le nombre de voix, les radicaux (35 893) devancent les communistes (31 044).

Hélène Chaubin

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