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Pages d'histoire Pénuries et Résistance civile

29 novembre 2019

La Corse est l’une des régions les plus frappées par les pénuries pendant toute la période de guerre. Elles touchent tous les secteurs : production, consommation, échanges ; elles  contribuent à la formation d’une opinion publique hostile à l’occupant mais aussi au régime de Vichy, et sont un des facteurs de la Résistance civile.
La Corse vit depuis la première guerre dans un état de dépendance croissante vis-à-vis du continent (94 000 ha de céréales en 1882, 3 900 ha en 1938) et l’état des relations maritimes, dès 1939, la renvoie à une situation de semi-autarcie qu’elle ne peut plus assumer.
(…) Quand les Alliés, le 8 novembre 1942, réalisent l’opération « Torch », l’interruption des relations avec l’Afrique du Nord aggrave les pénuries. A partir du 11, c’est l’arrivée massive des Italiens. Leurs perquisitions et leurs achats illégaux réduisent encore un marché déjà exsangue et favorisent le marché noir (……) La Corse subit à la fois le poids démesuré de l’occupation (95.000 italiens et Allemands pendant l’été 1943) et les sinistres des relations maritimes. Ce ne sont pas les efforts de relance de l’économie vivrière ni les quelques prêts de farine de l’armée italienne (400 quintaux après le torpillage du Général Bonaparte) qui peuvent compenser les déficits.
De plus, l’armée italienne utilise les moyens locaux de circulation comme le chemin de fer au détriment de la population. L’occupant est prioritaire en tous domaines. Sur mer, en application des accords Laval-Kauffmann tous les navires de commerce français sont à la disposition des Allemands. La Corse était alors desservie par quatre navires. Deux sont saisis à Marseille. Le drame le plus marquant est le torpillage du Général Bonaparte sur la ligne Ajaccio-Bastia le 19 mai 1943. Il fait 107 victimes. Pendant plus d’un mois, il n’y a pas de relations maritimes. (…) Quand se produit l’insurrection du 9 septembre 1943, la Corse est coupée de la France continentale. Il ne lui reste que la dangereuse ligne qui la relie à Alger et qui est surtout d’intérêt stratégique.
Comme le S.T.O. (Service du travail obligatoire), les pénuries sont de nature à frapper et irriter la population. La presse autorisée et la propagande les imputent au blocus anglo-saxon en Méditerranée. Mais l’opinion accuse d’abord les services de ravitaillement puis, à partir de novembre 1942, l’occupant. Les manifestations sont interdites mais il est difficile de contenir les « ménagères » quand les arrivages sont défaillants. Leur réaction ont un caractère spontané mais elles peuvent être encouragées et utilisées : le 21 septembre 1942 à Ajaccio une manifestation va du marché à la préfecture, discrètement encouragée par le Maire Dominique Paoli qu’un conflit oppose au préfet pour le contrôle des services de ravitaillement. Six mois plus tard, le 22 mars 1943, ce sont encore les « ménagères » qui manifestent à Bastia contre les pénuries, mais tout le contexte est différent ; (……).

LIEN lesresistances.france3.fr :

Témoignage de François Geronimi.
Entretien accordé par François Geronimi à Marcel Santoni
le 4 octobre 2000.

La Résistance civile, stimulée dans le même temps par les contraintes du STO et par les pénuries, apportent en 1943 aux organisations résistantes le soutien indispensable de l’opinion et contribuent à l’accélération du recrutement déjà observé depuis le débarquement des soldats italiens.

(H. Chaubin. Corse des années de guerre 1939-1945. Ed. Tirésisias pp 62 et suivantes)

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