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Pages d'histoire Le col des goumiers

29 novembre 2019
Le monument de Teghjmee
Monument à la gloire des goumiers

Le 30 septembre commence la bataille de Bastia. Elle se déroule dans la boue, sans aucun soutien aérien des troupes au sol. Au moment où elle débute, la 90ème Panzer est presque entièrement évacuée. Il reste encore quelques milliers d’hommes de la Sturmbrigade de SS Reichführer dont les arrière-gardes font preuve d’un réel mordant.
Le 29, le 1er bataillon du 1er R.T.M. libère Rutali. Les habitants fournissent leurs mulets pour le transport des vivres et des munitions, et des patriotes guident la 1ère compagnie vers le col de San Stefano (349 mètres) défendu par une cinquantaine d’allemands et deux canons de 75. Le lendemain à l’aube après un combat achrné les tirailleurs marocains du capitaine Morand atteignent le col et capturent les onze S.S. survivants. La contre-attaque d’un bataillon ennemi est rejetée sur le défilé du Lancone. La compagnie Thollot réussit un coup de main heureux en plaine au sud de Biguglia et ramène sept prisonniers. De leur côté, le 59ème goum et les 1er et 6ème tabors ont occupé à l’aube le col San Leonardo. A 16 heures, ils atteignent la Serra-di-Pigno (857 mètres) à 4 km de Bastia à vol d’oiseau. De cet observatoire naturel, ils voient les convois ennemis défiler sur la route de Borgo à Bastia et dans le port vingt-deux péniches qui attendent leurs passagers pour l’Italie. Va-t-on utiliser les marocains pour les raids de nuit, générateurs de panique, sur le port où l’ennemi précipite son embarquement ? Le commandement estime qu’il est préférable de les lancers à revers sur le col de Teghime (548 mètres).

Combats de TeghjmeLe 1er octobre, goumiers, spahis et Italiens contrôlent le carrefour de Patrimonio. Les patriotes du Hameau de Poggio guident les goumiers du colonel De la Tour vers le col de Teghime où l’ennemi est retranché dans de solides blockhaus hérissés de mitrailleuses, de canons de 75, de 105 et quatre grands obusiers de 152… Le temps est épouvantable. Le ravitaillement arrive mal. Les goumiers doivent conquérir les crêtes une à une, après progression dans un maquis coupé de failles et parsemé de rochers abrupts.
A l’aube du 2 octobre, le 47ème goum approche du Mont Secco (662 mètres) quand le brouillard se lève, l’offrant en cible aux Allemands. Les Marocains perdent vingt-cinq hommes. Ils enlèvent quand même le Secco avec le concours de l’artillerie italienne et de renforts. Devant la ruée des Marocains, les Allemands, pour éviter le corps à corps, décrochent vers 16 heures de ce col de Teghime que la voix populaire appelle aujourd’hui le col des Goumiers. ( Voir aussi Génération des Amis N° 19 : « Le chant des Tabors marocains »).

Maurice Choury. « Tous Bandit d’honneur ». Ed. sociales pp. 199 et 200

Hommage aux Goumiers sur la stèle du col de Teghjme

Prière pour nos frères marocains

Nous venons vous prier, Seigneur, pour des morts de l’Islam.
Ils étaient fils de ceux qui se sont tant battus, jadis,
contre les vieux Francs massés derrière les lances
de Charles Martel et de Monseigneur Godefroy.
Le désert de Palestine se souvient encore
de l’envol des escadrons sous un soleil de feu,
du choc des armures et du râle des hommes mourants illuminés
par l’ardeur du combat ou l’ivresse de la lutte.
Le sable a bu le sang des vieilles hécatombes
et les moissons ondulent dans la plaine de Poitiers.

Et voici qu’un jour, Notre-Dame-de-la-Garde,
vous, dont le visage se tourne vers la Vierge d’Afrique,
vous avez vu surgir à l’horizon de la mer,
par les routes ataviques,
l’escadre innombrable des nouveaux Croisés
qui accouraient combattre l’Hérésie nouvelle.
Les fils des Barbaresques sont morts pour que s’efface,
des flancs pierreux de votre colline,
jusqu’à la trace de la lèpre brune ;
et les fils des Francs qui les menaient à la bataille
ont, à votre bénédiction,
humblement incliné leurs fanions victorieux.

Ils sont venus, Seigneur, des rives sarrasines
de votre Méditerranée chrétienne.
Combien d’entre eux sont morts sur les routes de France,
des cyprès de Provence jusqu’aux neiges du Rhin,
si loin de cette terre où leur cœur était resté,
si loin des tentes noires et des ksour fauves,
de la montagne bleue et des oliviers tordus,
du doux bruissement des palmes sous la brise du Sud
et de l’âpre chanson du vent
dans les branches puissantes des cèdres argentés.
Remplis du souvenir d’une lumière unique,
leurs yeux se sont fermés aux brumes d’Occident.

Certes, ils n’ont point admis la loi qui est la nôtre,
mais, ô merveille de Charité,
ils ont fait au pays chrétien
l’offrande de leur simple vie.
et lorsqu’un sort compatissant les libérait pour quelques heures
de la boue et du froid et de leur immense fatigue,
du grondement des chars et du tonnerre des canons
et de la hantise de la mort
Ils nous accompagnaient d’un regard fraternel
jusqu’à la porte de vos sanctuaires
où nous allions vous supplier pour nous-mêmes et pour eux.

Seigneur, dans votre infinie bonté,
malgré notre orgueil et nos défaillances,
si vous nous faites, à la fin de nos épreuves,
la grâce de votre béatitude éternelle,
permettez que les durs guerriers de Berbérie,
qui ont libéré nos foyers et apporté à nos enfants
le réconfort de leur sourire,
se tiennent auprès de nous, épaule contre épaule,
comme ils étaient naguère sur la, ligne de bataille
et que, dans la paix ineffable de votre Paradis,
ils sachent, ô qu’ils sachent, Seigneur,
combien nous les avons aimés !

Poème anonyme. Source. : M. Guy Limongi

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