Durant ce mois d’août 1943, Dominique Vincetti s’installe à Casta, ce hameau de Santo Pietro di Tenda d’où il pourra rayonner dans cette vaste région plutôt sauvage qui va de Saleccia, dans les Agriates – où accostera le sous-marin Casabianca à deux reprises- jusqu’au plateau de Calamicornu prévu pour être l’important dépôt des armes débarquées à Saleccia. Et la route est longue, très longue.
L’organisation du travail des patriotes chargés de réceptionner, transporter et camoufler ce matériel de guerre évalué à 32 tonnes incombe à Dominique Vincetti. Il fera appel aux résistants volontaires du Nebbiu mais aussi à ceux de Pietralba, de Lama, de la Balagne, de la Costera et de la Marana pour accomplir cette dangereuse mission. Ils sont 200 environ à avoir répondu à la sollicitation de Dominique Vincetti. Il leur a fallu mépriser le danger pour traverser la route qui va de Saint-Florent à Ile-Rousse, avec des mulets chargés d’armes à proximité des troupes d’occupation qui y stationnaient. (
)
Le 19 août 1943, il ne reste plus que très peu d’armes dans cette maisonnette de Casta ; juste le chargement d’un petit camion. L’avant dernier a quitté le dépôt le matin même, conduit à bon port par Cècè Leoncini de Penta di Casinca. Lui,
Dominique, pouvait être fier d’avoir si bien rempli la mission qui lui avait été confiée.
Il s’entretenait avec Charles Galetti venu aux nouvelles, lorsque vers 16 heures le bruit sourd de trois camions qui viennent de s’arrêter tout près, attire leur attention. De la fenêtre ils voient un grand nombre de carabiniers prendre leurs dispositions pour donner l’assaut. Dominique et Charles prennent aussitôt conscience de la gravité de la situation ; ils n’envisagent pas de se rendre à l’ennemi ; ils seraient condamnés à mort et fusillés. Au contraire, ils décident de faire payer très cher leur éventuelle arrestation.
La lutte est engagée. Plusieurs ennemis tombent et les cartouches s’épuisent. Tous deux tentent de s’évader de la maison mais Dominique1Hommage de la nation à Dominique Vincetti : La médaille de la Résistance lui a été décernée à titre posthume ainsi que le grade de commandant FFI. Le général Giraud l’a gratifié de la citation suivante : « Patriote corse, ayant au coeur l’amour de son pays et la haine de l’envahisseur. Fut parmi les premiers qui organisérent la Résistance dans l’île. Participera à tous les coups de main importants, à toutes les missions périlleuses et s’y distingua toujours par son audace, son courage et son esprit de sacrifice. Tombé sous les balles italiennes, ayant lutté; jusqu’au bout seul contre cent au soir d’une mission dangereuse qu’il venait de conduire à bonne fin. Est mort en criant sa foi dans la libération de la patrie et sa joie de mourir pour elle » Cette citation comporte la médaille militaire et la croix de guerre avec palmes. doit s’arrêter : il est grièvement blessé. Il a tout de même la force de tirer une dernière rafale sur les assaillants pour protéger la fuite de son camarade de combat.
(1) Hélène Chaubin. Corse des années de guerre, 1939-1945. pp 13, 14. Editions Tirésias-AERI.