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ActualitésPages d'histoire « AIÒ ZITELLI », le 173ème R.I. en 1940

18 juin 2020
1940. Combats 173ème RI
Les combats du 173ème RI

Lors de ce que l’on appellera plus tard la « Bataille de France », ce sont près de 1 845 000 Français qui sont emprisonnés en Allemagne ; parmi eux, quelque 2 200 prisonniers militaires insulaires. Ce sont aussi près de 100 000 soldats français qui seront tués entre septembre 1939 et juin 1940, en tentant de défendre leur pays contre les troupes allemandes. La Corse en dénombre environ 460 dont 272, soit près de 60%,  appartenaient à la 173° Demi-brigade alpine.

173° Régiment d’infanterie  est arrivé en Corse en juillet 1913 et a participé héroïquement à la Grande guerre de 1914-18  d’où il est revenu avec un capital de gloire et l’élogieuse appellation de « régiment des Corses ». Il a ensuite changé de structure pour devenir le 173° Régiment d’infanterie alpine en 1926, et enfin, en septembre 1939, ses bataillons sont devenus autonomes au sein de la 173° Demi-brigade alpine. C’est cette dernière qui va participer et s’illustrer pendant la campagne de 1939-40, avec un effectif de 3400 hommes presque tous originaires de la Corse.

Pour faire simple, sans vouloir réécrire l’histoire, rien ne vaut l’évocation des combats d’alors par un témoin, acteur privilégié en qualité de commandant d’un bataillon, et la lecture de deux textes officiels d’époque: la citation collective à l’ordre de l’armée, obtenue grâce au mordant et à l’ardeur au combat de la Demi-brigade, puis la citation individuelle d’un simple combattant mobilisé en 1939. Certes, d’autres militaires de la 173° DBA, aussi courageux, se sont certainement distingués individuellement, mais leurs actes de bravoure, parfois désespérés, se sont évanouis avec le temps, n’ont pas fait l’objet d’une diffusion, et restent tout juste connus de leurs familles. Si bien que de nos jours, à travers les quelques  écrits publiés et encore disponibles, deux figures transcendent : il s’agit du valeureux chef de bataillon Jules Toussaint BIANCAMARIA (1888-1963) qui commandait le 2° bataillon à Ajaccio où, par un hasard heureux, servait aussi le vaillant caporal-chef Jules MONDOLONI (1914-1943) qui deviendra en juin 1943 le héros de la Résistance Corse que nous connaissons. Le premier, terminant sa carrière comme colonel, héroïque combattant de 1914-18, cité à l’ordre de l’armée en 1940, commandeur de la Légion d’honneur, publiera en 1963 le récit des combats de la Demi-brigade, tandis que pour le second, la très éloquente citation sanctionnant son courageux comportement sur le champ de bataille, augure déjà de ce qu’il fera plus tard dans la Résistance locale.

Lieutenant-colonel (h) Raoul PIOLI,
membre de l’Amicale des anciens du 173ème et 373ème R.I.

U 173. Jean-Paul POLETTI, compositeur. Antoine CIOSI interprète. Extrait de l’album « Luisa »

Album Luisa
U 173, extrait de l’album Luisa, d’Antoine Ciosi

 

Citation collective obtenue par la 173° Demi-brigade Alpine en 1940 :

Ordre général n°106 du 20 mars 1942. Le général WEYGAND cite à l’ordre de l’armée :

«  La 173° Demi-brigade alpine sous les ordres du lieutenant-colonel VINOT, assisté du capitaine BOUE commandant le 1er bataillon, du chef de bataillon BIANCAMARIA commandant le 2°, du capitaine ELIET commandant le 3°, du lieutenant MEDORI commandant la compagnie de commandement, du lieutenant GAMBINI commandant la compagnie d’engins, pour le motif suivant :
« Chargée de l’organisation de la défense d’une position sur l’Aisne, a travaillé sans repos et sans arrêt, sous le feu de l’ennemi, du 17 mai au 8 juin 1940, pour préparer la résistance en même temps qu’elle  conservait le contact par les patrouilles et les reconnaissances hardiment poussées au-delà de la rivière.
« Attaquée le 9 juin par des forces très supérieures en nombre et puissamment appuyées, a tenu sur place avec une héroïque ténacité, en infligeant à l’ennemi de grosses pertes dans ses points d’appui encerclés et débordés.
« Ayant reçu dans la nuit l’ordre de se replier, s’est décrochée et s’est fait jour à travers les lignes adverses, au prix de lourds sacrifices, le 2° et 3° bataillons venant prendre leur place dans la ligne de bataille où ils se sont héroïquement maintenus, le 1° bataillon en se soudant à une autre armée puis en exécutant une héroïque tentative de percée à la baïonnette. »  Signé : WEYGAND

N.B. : Pour les non initiés, il faut savoir que lorsque le nom d’un combattant est mentionné dans le texte d’une citation collective, l’intéressé se voit attribuer la même citation à titre individuel. Pour la citation collective de la 173° ½ Brigade, c’est le cas de nos trois compatriotes BIANCAMARIA, MEDORI et GAMBINI.

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