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Pages d'histoire La conférence de Porri

29 novembre 2019

(Casinca) du Parti Communiste. 4 mai 1943

 

A Porri dans la Casinca, en pleine occupation ennemie, vingt-cinq militants communistes venus de toutes les régions de l’île se réunissent en conférence du Parti pour faire le point sur l’activité des communistes depuis le débarquement italien. Les principaux dirigeants du Front National, à l’exception de Dominique Poli, maire de Sari-de-Porto-Vecchio, Henri Maillot, entrepreneur d’Ajaccio, et François Carli d’Azilone sont des militants communistes. Il n’existe pas encore de réelle direction collective du Front National. Le moment est venu de répartir les responsabilités au sein d’un véritable comité départemental. Arthur Giovoni est proposé comme responsable politique et François Vittori comme responsable militaire. Jean Nicoli s’occupera de l’armement, André Giusti restera au service de renseignements. Nonce Benielli consacrera son activité à la région d’Ajaccio avec Jérôme Santarelli. On rappelle les règles d’organisation à observer: l’élément de base doit être le groupe de cinq dont seul le chef est en liaison avec le responsable du comité local, composé de trois membres. Dès qu’il y a plus de cinq groupes dans une localité, on doit interposer un échelon intermédiaire: le groupement. Au comité cantonal, composé de trois membres, le responsable politique, et lui seul, est en liaison avec les comités locaux, le responsable militaire organise le combat avec le concours d’un adjoint spécialisé dans la recherche de renseignements sur l’ennemi. L’organisation bien cloisonnée sera moins vulnérable aux coups de l’ennemi.

Questions d’orientation.

La conférence de Porri étudie aussi les questions d’orientation. Quelle attitude observer à l’égard des missions ? D’aide, bien entendu (en particulier en fournissant des renseignements militaires sur l’ennemi), mais en aucun cas de subordination. La libération peut et doit être avant tout l’œuvre des Corses eux-mêmes. Des armes ont été apportées, les communistes ne peuvent en approuver le stockage, alors que les patriotes manquent d’armement pour attaquer efficacement l’ennemi. Tous les communistes sans exception doivent être au sein du Front National pour travailler à faire du mouvement le centre unique de la Résistance patriotique. Toutefois, le Parti ne se fond pas dans le Front National. Il conserve son organisation propre et ses directions à tous les échelons.

La résolution finale

La résolution finale, après une analyse de la situation politique générale, fixe la ligne politique du Parti en Corse et trace un plan de travail pour les femmes, la jeunesse, le Front National, la défense des revendications immédiates et la lutte armée. On y relève les directives suivantes: affaiblir l’occupant en démoralisant la troupe, en la dissociant des chefs fascistes et de l’Allemagne hitlérienne. Créer les conditions de la lutte de masse armée contre l’occupant.Après les directives pour aboutir à la création des conditions de l’insurrection armée, la résolution conclut: « Le moment que nous vivons est décisif pour l’avenir de notre belle île, de sa population, de notre Parti. Depuis quatre années nous avons subi l’illégalité, les coups les plus durs sans fléchir, Nous sommes le seul Parti resté debout, quatre fois plus fort qu’en 1939. C’est là l’assurance de la victoire. Que chaque direction prenne courageusement ses responsabilités! Que chaque militant remplisse courageusement sa tâche! Faisons du Parti le dirigeant incontesté de notre population et à sa tête nous triompherons. »

Election de la direction régionale

La Conférence du Parti se termine par l’élection d’une direction régionale composée de trois membres : Raoul Benigni, Pierre Pagès, Etienne Micheli alias Léo. La conférence désigne des responsables de secteurs : Albert Fontana (Bastia), Moïse Ferrandi (Corte), Maurice Choury (Ajaccio), Toussaint Mary (Sartène). Et les vingt-cinq participants de cette réunion clandestine repartent dans leurs régions respectives. Les précautions prises par chacun d’eux sont telles que pas un ne sera arrêté et que l’ennemi ignorera la tenue de cette conférence. Le Front National en reçoit une impulsion nouvelle à une époque où les efforts vont s’avérer «payants», l’esprit de résistance grandissant dans une population transportée d’enthousiasme depuis la capitulation du maréchal Paulus à Stalingrad. […] L’heure du châtiment se rapproche pour les alliés de l’axe Berlin-Rome! Le Comité départemental du Front National diffuse jusqu’à l’échelon local une directive d’organisation très détaillée. Idée maîtresse de ce document: travailler à encadrer toute la population patriote dans une multitude de groupes de base, afin de rendre la répression ennemie impuissante à détruire l’organisation. Dans cet esprit, le Front National forme à ses côtés des comités populaires de femmes et des groupes du Front patriotique des jeunes. L’ensemble du mouvement se tient en liaison avec la population par un matériel de propagande, lu avidement et circulant rapidement de main en main.

Extrait du livre de Maurice Choury, « Tous bandits d’honneur » Ed. Alain Piazzola 2011. Pp. 47 et 48.
Les intertitres sont de la rédaction

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