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Pages d'histoire Zonza, du 9 au 25 septembre

29 novembre 2019

« Rapport du responsable militaire de Zonza [Jean-Thomas Pacini] sur les évènements qui se sont déroulés du 9 septembre à ce jour » (Archives Maurice Choury)

Le 9 septembre 1943, 22 heures 30, l’ordre parvenait à Zonza de prendre les positions le 10 à 6 heures du matin et d’attaquer, à partir de 10 heures, les véhicules allemands en circulation. Par suite des arrestations massives qui venaient d’avoir lieu à l’Ospédale (les Patriotes ayant été transférés à Zonza), et vu le mouvement de l’ennemi (Italiens et Allemands) dans la localité et ses abords, la distribution des armes n’avait pu être faite sans risques auparavant, toute sortie du village étant minutieusement contrôlée. Les armes se trouvaient en montagne, la distribution n’en a pu être faite que le 10. De ce fait, Zonza n’a pu être en mesure d’attaquer que le dit jour à 17 heures 30.

A cette date et à l’heure précitée [10 septembre à 17 h. 30], un convoi allemand venant de Quenza, et composé d’une vingtaine de véhicules, était attaqué par les Patriotes à la sortie nord de Zonza. Au cours de cette première action, nous avons eu à déplorer trois morts (Cinquini Jacques Octave, Valéry Antoine, Mosconi Paul) et un blessé (gendarme Oustry). Devant la supériorité numérique et matérielle de l’ennemi, les Patriotes devaient se replier dans la montagne.

Les Allemands pénétraient dans le village. Ils se rendaient à la mairie où ils faisaient afficher  un ultimatum sur lequel il était dit qu’en cas de nouvelle attaque contre eux, Zonza serait entièrement détruit. L’ennemi fouillait les maisons voisines du carrefour et dans la maison de Valery Antoine, dont ils venaient de tuer le chef de famille, les soldats allemands s’emparaient d’une bourse de 40 000 Francs. L’ennemi quittait Zonza vers 20 heures sans autre incident et emportant 10 morts et huit blessés, et se dirigeait à nouveau vers Quenza.

Sans tenir compte de la menace allemande, nos patriotes, restés sur la route de Quenza, attaquèrent le 11 septembre à 14 heures un important convoi allemand se dirigeant vers Lévie. De sérieuse pertes lui furent infligées mais néanmoins il parvenait à passer Zonza ; avec difficultés et un grand retard, notre action étant limitée vu l’insuffisance d’armes et surtout d’explosifs.

Le 12 septembre, nos renseignements ont appris qu’un convoi ennemi devait quitter Quenza le 13 au matin pour se rendre à Porto-Vecchio. Ayant pris position nous avons attaqué le convoi à proximité du barrage des troupes italiennes situé sur la route de Quenza, obligeant celles-ci à intervenir et à riposter avec nous. L’ennemi, après une sérieuse échauffourée était contraint de faire demi-tour laissant sur le terrain une automitrailleuse de D.C.A, deux side-cars et trois autres véhicules immédiatement utilisés par les Italiens. Plusieurs morts ennemis sont restés sur le terrain. Dans cette bagarre, nous n’avons eu aucune perte ; seules deux femmes se trouvant dans les jardins ont été blessées, ainsi que la femme et mère des patriotes Astolfi qui se trouvait dans sa maison.

Le 14 septembre, notre groupement a effectué des patrouilles, à la recherche d’une cinquantaine d’Allemands cherchant à s’infiltrer vers le col de Bavella pour rejoindre, soit Solenzara, soit Porto-Vecchio. Au cours de ces patrouilles, cinq Allemands ont été tués.

Le 15 septembre, nos patrouilles ont continué et un groupe de patriotes poussait reconnaissance jusqu’à Quenza par la montagne, pour obtenir des renseignements sur l’effectif stationné dans cette commune et assurant la garde du dépôt de vivres, des munitions et du matériel. (N.D.L.R. A Quenza est situé le P.C. allemand).

Le 16 septembre, les renseignements obtenus étaient exploités et une attaque sur Quenza  était déclenchée. Après un bombardement de l’artillerie italienne stationnée à Zonza et une action coordonnée des patriotes de Quenza, de Zonza et des troupes italiennes, les Allemands capitulaient à 14 heures 30. Pendant ce temps, l’incendie de forêt qui sévissait entre Quenza et Zonza gagnait le dépôt de munitions et dans l’après-midi du 15, la plus grande partie des explosifs qui étaient entreposés étaient détruits.

Sans discontinuer, les patriotes assuraient  le nettoyage aux abords de Zonza et Quenza où des groupes isolés d’Allemands étaient signalés. Plusieurs prisonniers furent  faits et remis aux troupes italiennes  de Zonza.

Les 17, 18 et 19 septembre, réorganisation des groupes et entrées en contact avec les troupes de Choc (bataillon) arrivés dans la région.

Depuis, nous restons en contact permanent avec ces troupes, leur fournissant sans cesse des renseignements et des guides afin qu’elles mènent à bien  leurs coups de mains et reconnaissances dans les régions de l’Ospédale, Conca, Favone, Porto-Vecchio et Sari-de Porto-Vecchio. Nous assurons en outre le ravitaillement des patriotes et militaires de passage ainsi que la bonne marche des affaires intérieures de la commune.

Zonza, 25 septembre 1943

Le responsable militaire : signé Pacini

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