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Pages d'histoire Le parachutage de Siò (Valinco)

29 novembre 2019

Le premier parachutage en Corse

 

Ce témoignage de François Mondoloni* a été publié dans le Bulletin de l’ANACR 2A de Petreto-Bicchisano, « Générations des Amis » n° 4. Il avait été publié une première fois dans un n° spécial du mensuel « Terre corse » pour le 30ème anniversaire  de la Libération de la Corse en 1973.  Voir aussi la vidéo de linterview de Jacques SORBA. 

« Le 16 juin 1943, les blés étaient mûrs. Les maquisards aidaient à la moisson la famille Sorba des Martini. Depuis des mois, le hameau des Martini était devenu un haut lieu de la Résistance. Des armes devaient venir du ciel. Chaque soir, un maquisard allait dans un village voisin (NDLR : Santa Maria Figaniedda) écouter la radio dans l’attente du message annonciateur de l’opération de parachutage. « Francette embrasse Victoria », tel était le message dicté par Jean Nicoli. Notre terrain de parachutage, le plateau de Siò, portait le nom de code de « Fouine ».

A 17 heures, ce 16 juin, Martin Sorba (1) arrive au grand galop sur son mulet sur le lieu de la moisson : « ça y est, c’est pour ce soir ». C’est à Santa Maria Figaniedda, chez notre ami Paul Giovachini que le message fut entendu. Jules Mondoloni (2) était en mission à Ajaccio, Dominique Bighelli et Jean Baptiste Giacomini (3) en mission à Sartène, Dominique Luchini dans le canton de Serra-di-Scopamena , Charles Giacomini dans le canton de Petreto-Bicchisano. Il me revint l’honneur et la lourde charge de réceptionner les armes. Tous les hommes valides des hameaux de Martini, Burgo et de la région sont sur le pied de guerre.

A dix heures du soir, nous sommes sur le plateau de Siò. Trois feux de braise à 100 mètres l’un de l’autre sont allumés. Les dispositions en cas d’attaque des troupes d’occupation sont prises. L’attente commence. Une heure du matin : un vrombissement vers le Golfe du Valinco. Très vite, la forteresse volante est au-dessus de nos têtes. C’est le premier parachutage d’armes en Corse. L’émotion est grande. Avec une lampe torche, nous indiquons la direction du vent. Au deuxième passage, nous faisons en morse la lettre F pour « Fouine ». Tout marche très bien, l’avion fait un troisième tour et lâche sa cargaison. Quelques parachutes ne s’ouvriront pas, des containers emportés par le vent tomberont en dehors du terrain à proximité du hameau de Costa ou encore dans la vallée entre Tallano et Siò.

Pour l’essentiel cependant, cette première opération de parachutage est menée à bien. Trois tonnes d’armes et de munitions sont réceptionnées.Sous la direction de François Sorba (ziu Francescu Martinu), elles sont entreposées dans les grottes de la forêt de Valle Mala à 3 km à travers le maquis. Le lendemain, à 11 heures, nous étions tous au bord de l’épuisement.Tout était planqué. »

François Mondoloni François Mondoloni fut avec Paul Bungelmi, Dominique Bighelli, Charles Giacomini, Charles Vinciguerra, Jean-Baptiste Giacomini et Jules Mondoloni, son frère, parmi les fondateurs du Front National à Petreto-Bicchisano. Membre des jeunes groupes du F.N., il en deviendra responsable militaire pour la région. En fait, sa responsabilité s’étend à la vallée du Valinco qui est contigüe à celle de Petreto-Bicchisano. D’où sa présence à Siò.

 

  1. Martin Sorba mourra un an plus tard dans les combats pour la libération de Paris.
  2. Jules Mondoloni tombera avec son camarade André Giusti lors de la fusillade de « La Brasserie nouvelle. »
  3. Dominique Bighelli et Jean-Baptiste Giacomini mourront les armes à la main, sous les balles fascistes, le 7 août 1943 au col de Foce Livesi au-dessus de Petreto-Bicchisano. (voir GénérationS des Amis n° 1)

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