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Archives : éditoriaux Une déclaration révisionniste du Parlement européen

9 décembre 2019
Le Parlement européen a adopté le 19 septembre une résolution « sur l’importance de la mémoire européenne pour l’avenir de l’Europe ». Dans ce texte, il fait du pacte germano-soviétique du 23 août 1939 la cause de la Seconde Guerre mondiale en Europe. L’acte déclencheur, soit ! mais pas la cause. Et le Parlement d’inférer que ces deux pays, Allemagne et URSS, portent seuls la responsabilité du conflit dans la perspective de se partager le monde. Et de conclure à l’équivalence du nazisme et du stalinisme.

 

Cette thèse comparatiste n’est pas nouvelle et revient régulièrement dans l’actualité. Comme n’est pas nouvelle, non plus, la cette thèse qui en est un prolongement, à savoir que les régimes fascistes étant postérieurs à la révolution bolchevique de 1917, ils n’auraient été qu’une réaction pour  faire obstacle au bolchevisme. On n’ose plus dire aujourd’hui au Judéo-bolchevisme. C’est ce que soutiennent des historiens comme  l’Allemand Ernest Nolte. Ce texte a été adopté à une large majorité par le parlement (dont le député de Corse, François Alfonsi). Il a suscité la réprobation de nombreuses associations portant la mémoire de la Résistance, dont l’ANACR

CONTRE LA DÉCLARATION RÉVISIONNISTE DU PARLEMENT EUROPÉEN

Le 1er février 2006, suite à l’adoption le 25 janvier précédant par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe d’une «Résolution 1481» assimilant dans l’un de ses attendus les ex-régimes communistes d’Europe orientale et centrale au régime nazi, l’ANACR, «sans cautionner pour autant les régimes qui, avant comme après-guerre, s’en sont réclamés, ainsi que les graves atteintes aux libertés et aux droits de l’homme qu’ils commirent en son nom, s’élev[ait] fermement contre les tentatives d’assimiler l’idéal communiste à l‘idéologie nazie, tentatives qui – telle celle récemment menée à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe – n’ont d’autre objet ou pour conséquence que de relativiser le caractère monstrueux et la spécificité du nazisme». Et rappelait qu’«au nom de leur idéal, des millions de communistes, tant dans les pays occupés par les nazis, l’Italie fasciste ou le Japon, qu’en Allemagne même et dans les autres pays fascistes, ont, fraternellement unis aux autres résistants de toutes opinions démocratiques, lutté avec eux pour abattre la «bête immonde», et que des centaines de milliers voire des millions d’entre eux ont donné leur vie dans ce combat pour la Liberté et la dignité humaine. Elle rappel[ait] aussi le rôle capital de l’Union soviétique aux côtés des alliés américains, britanniques et français dans la victoire sur l’Allemagne hitlérienne et le fascisme japonais».

Treize ans plus tard, se référant explicitement à cette «Résolution 1481» du Conseil de l’Europe, le Parlement de l’Union européenne, dans sa session du 19 septembre 2019 – a récidivé, en adoptant une déclaration «sur l’importance de la mémoire européenne pour l’avenir de l’Europe» concernant le Pacte germano-soviétique d’août 1939, dont c’est le 80ème anniversaire et qui est présenté en ces termes comme étant le responsable de la 2ème Guerre mondiale : «la Seconde Guerre mondiale, conflit le plus dévastateur de l’histoire de l’Europe, a été déclenchée comme conséquence immédiate du tristement célèbre pacte de non-agression germano-soviétique du 23 août 1939, également connu sous le nom de pacte Molotov-Ribbentrop, et de ses protocoles secrets, dans le cadre desquels deux régimes totalitaires ayant tous deux l’objectif de conquérir le monde se partageaient l’Europe en deux sphères d’influence»…

Les députés européens, dont hélas des Français qui ne sont pas tous du Rassemblement national, ayant signé ce texte ont ainsi escamoté l’Anschluss de l’Autriche par le Reich en février 1938, l’occupation des Sudètes tchécoslovaques abandonnés en octobre 1938 à Hitler lors de la Conférence de Munich par la France et la Grande-Bretagne, le démembrement de la Tchécoslovaquie et l’annexion au Reich de la Bohême-Moravie en mars 1939, mais aussi les agressions italiennes contre l’Éthiopie en octobre 1935 et contre l’Albanie en avril 1939, du Japon contre la Chine en 1937, tous événements intervenus avant la signature du Pacte germano-soviétique… Pensent-ils que ces événements n’auraient aucun rapport avec la Seconde Guerre mondiale ? Si tel était le cas, ce serait plus que navrant, affligeant !

Ce texte du Parlement européen du 19 septembre 2019 constitue de fait un véritable manifeste d’écriture révisionniste de l’Histoire, qui a soulevé dans la plupart des pays de l’Union Européenne l’indignation non seulement des anciens combattants contre le nazisme et le fascisme, mais aussi celle de femmes et d’hommes de diverses sensibilités de toutes générations soucieux de vérité historique, de ne pas voir banalisée la spécificité génocidaire du nazisme en la diluant dans le concept de totalitarisme, d’élus de toutes tendances démocratiques ainsi que de très nombreux historiens spécialistes de la Seconde Guerre mondiale.

La «Fédération Internationale des Résistants» («F.I.R.»), qui rassemble 38 associations d’anciens Résistants et de passeurs de mémoire des valeurs et combats de la Résistance – dont l’ANACR – de 24 pays européens et Israël, a publié le 24 septembre dernier à propos de cette Résolution du Parlement européen la déclaration suivante, à laquelle l’ANACR – qui réitère sa condamnation du 1er février 2006 – s’associe pleinement : «La FIR et ses fédérations membres ne peuvent approuver cette résolution en aucune façon. Le texte de la déclaration [du Parlement européen] n’indique pas l’avenir de l’Europe, mais constitue un retour idéologique aux pires moments de la guerre froide. »

Le 15 novembre 2019

L’ ANACR

CONTRE LA THÈSE COMPARATISTE
Marc Ferro : Identifier la terreur en URSS à la terreur nazie -pour autant que qu’une victime à Magadan mérite la même compassion qu’une victime d’Auschwitz- voilà qui revient à faire table rase du racisme biologique de la politique nazie d’extermination.
Ian Kessaw : S »agissant du nazisme, « … l’application de la thèse comparatiste totalitaire aux système communiste post-stalinien verse rapidement dans l’absurde et le ridicule.

SUR LES CAUSES DE LA GUERRE
Winston S. Churchill : Il  est difficile de trouver un équivalent à la déraison du gouvernement britannique et à la faiblesse du gouvernement français au cours de cette période désastreuse où, d’ailleurs, l’un et l’autre reflétaient l’opinion de leurs Parlements. Quant aux États-Unis, ils ne peuvent pas d’avantage échapper à la condamnation de l’histoire. [ils] s’imaginaient que cela ne les regardait en rien. […] Sept ans plus tard, lorsque j’ai assisté à Tours, à l’agonie de la France, tout cela demeurait présent dans ma mémoire. (La Deuxième Guerre mondiale. Tome 1.  L’orage approche. Plon 1948. p. 78)

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