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Archives : éditoriaux 27 mai 1943, l’autre date d’honneur de la Résistance

17 juin 2011
L’ANACR avait inscrit au fronton de son congrès tenu à Grenoble en novembre 2004 : « Deux dates d’honneur de la France : le 18 juin 1940 et le 27 mai 1943. 18 juin 1940, « l’Appel historique du Général de Gaulle à refuser la défaite et à poursuivre le combat contre l’ennemi ». 27 mai 1943, réunion constitutive du Conseil National de la Résistance, aboutissement de la mission confiée à Jean Moulin par le Général de Gaulle ; mission périlleuse dans la France occupée et politiquement difficile tant les courants de pensée de la Résistance étaient divers… et encore fallait-il que toutes ces composantes de la Résistance intérieure acceptent le leadership du Général. Le C.N.R. constitué, s’affirmait l’autorité du Gouvernement provisoire dirigé par le Général de Gaulle, gage du rétablissement de la République et d’une France souveraine rendant vain le projet d’une administration militaire alliée, l’AMGOT, telle que cela fut appliqué à l’Italie à la Libération. Une France souveraine et rénovée sur la base d’un programme de profondes transformations économiques sociales et politiques. Le 18 juin est depuis 2006 commémoré officiellement par la nation. La date du 27 mai hélas ne l’est pas et on ne doit sa journée du souvenir qu’à des initiatives locales comme celle de la Mairie d’Ajaccio qui cette année a décerné des prix aux lauréats du Concours National de la Résistance et de la Déportation. A cette occasion, Andrée Vesperini, vice-présidente de l’A.N.A.C.R. 2A a prononcé l’allocution ci-dessous.

 

« C’est un moment particulier que d’être accueillis pour la deuxième année consécutive dans les salons Napoléoniens à l’invitation de Monsieur le député-maire pour la remise des prix du Concours National de la résistance de la ville d’Ajaccio première ville de France libérée ! Cette cérémonie est, en effet, l’occasion pour chacun d’entre nous d’exprimer notre reconnaissance à celles et à ceux qui ont payé un lourd tribut pour restaurer la légitimité républicaine.

Le concours pour lutter contre l’oubli

Il se dégage de cette manifestation une force profonde, dont l’originalité est de rassembler autour d’un même projet ceux qui ont fait l’histoire, ceux qui l’enseignent et ceux qui la découvrent. Et s’il est vrai que la mémoire collective d’un pays, d’une région se construit dans l’échange entre les générations, alors ce concours y contribue pleinement. Ce concours dont nous célébrons cette année le 50ème anniversaire contribue également à nous faire réfléchir sur un certain nombre de valeurs qui fondent notre république et cela d’autant plus qu’aujourd’hui 27 mai -date ô combien symbolique !- c’est l’anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance présidé par Jean Moulin en 1943 ; le C.N.R. qui a unifié tous les mouvements de la résistance et mis en œuvre un programme destiné à définir la politique de la France au lendemain de sa libération !
Cette lutte contre l’oubli n’a pu se faire sans la parole des résistants et des déportés qui nous ont livré leur ultime message, souvent écrit avec le sang des martyrs ; ces mots qui aujourd’hui donnent aux jeunes générations l’opportunité de découvrir ce que fut cette période et surtout d’exprimer à leur manière quels enseignements elles en tirent. En effet ce prix permet aux jeunes de montrer l’humanité de l’Homme même si l’Homme a pu ou peut être encore capable de l’Inhumain.
Le prix de la Résistance est une expression active de la volonté de combattre l’oubli. Notre société s’est construite sur les valeurs qui animaient la Résistance. Il importe aujourd’hui que la jeunesse fasse siennes ces valeurs. La Résistance, pendant la clandestinité a été la gardienne des idées de liberté, d’égalité, de fraternité et de démocratie ; elle nous a légué un patrimoine inestimable :

La qualité retrouvée de Citoyen

Son message est d’une profonde actualité, il est à donner en exemple à nos jeunes en ancrant ces valeurs dans la vie quotidienne en refusant la précarité, l’exclusion, la violence, la discrimination raciale, l’injustice, l’antisémitisme ; bref toutes les atteintes aux Droits de l’Homme et du Citoyen. Ce sont ces valeurs qui doivent guider votre vie d’homme. Le travail que vous avez accompli fait de vous des passeurs de Mémoire. Vous êtes ceux qui feront bâtiront le 21 siècle en faisant vivre ces valeurs non seulement dans les textes mais aussi dans les cœurs, car « résister » c’est refuser d’accepter le déshonneur, c’est continuer à s’indigner lorsque quelque chose n’est pas conforme à ces valeurs, lorsque ce quelque chose est parfois proprement scandaleux !
Comme le dit Stéphane HESSEL : « Résister c’est créer et créer c’est résister ». Cela vous incombe aujourd’hui parce que l’objectif du Concours de la Résistance et de la Déportation n’est pas seulement une célébration du passé. C’est pourquoi je voudrais vous féliciter et vous remercier très chaleureusement, vous les trois lauréats, pour votre excellent travail ! Je tiens aussi à remercier vos professeurs qui par l’enseignement qu’ils vous ont dispensé ont été des militants de l’histoire et de la mémoire, en même temps qu’ils ont contribué à faire de vous les bâtisseurs de la société de demain ! Je tiens aussi à remercier les résistants et déportés qui sont le témoignage vivant d’une époque tragique de notre histoire. Nous devons avoir une pensée particulière pour ceux qui nous ont quittés cette année et leur assurer que leur message ne sera pas oublié.

Je tiens également à remercier chaleureusement Monsieur le député-maire pour avoir organisé cette cérémonie, qui je n’en doute pas, restera gravée dans la mémoire de nos jeunes lauréats ».

Andrée VESPERINI

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