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Archives : éditoriaux Allumer les grandes dates comme on allume des flambeaux

17 octobre 2013
Communiqué de l’ANACR 2A – 70ème anniversaire. Jamais anniversaire décennal de l’insurrection-libération de la Corse ne fut célébré avec autant d’éclat : cérémonies officielles de l’insurrection le 9 septembre suivies par celles présidentielles du 4 octobre, le tout bien orchestré par L’Elysée, les Préfectures et les ONAC de Corse.(1) !

 

Oh, il y eut bien quelques ratés comme l’omission de Petreto-Bicchisano ; sans exiger que le Président s’y rende, la Résistance de ce village, honorée par la Nation, aurait pu y être évoquée dans son discours dans l’Alta Rocca pourtant si proche. Autre omission : celle du drapeau corse aux côtés de celui de la France et de l’Europe à la mairie de Bastia ; prurit cocardier malséant tant la Résistance corse a confondu dans une même motivation de son combat l’amour de la grande et de la petite patrie.

Même déni d’histoire de la part des indépendantistes, mais cette fois, pour nier la volonté quasi unanime des Corses de rester Français qui fut le ressort principal de la Résistance. Tout en témoigne de bout en bout, depuis Le serment de Bastia de décembre 1938 jusqu’à l’engagement de 22 classes d’âge pour continuer le combat hors de l’île quand cette dernière fut libérée. En fait, pour ne pas participer aux commémorations, ce sont des arguments spécieux qu’ils ont avancés : « la récupération de l’évènement par l’administration, préfectorale notamment » ou autre argutie : puisque « l’histoire de la libération de la Corse a été occultée depuis 70 ans par la France, il ne saurait être question de cautionner une manifestation alibi ».

Heureusement, ce n’est pas ce que retiendra la Corse de ce 70ème anniversaire mais bien l’hommage de la nation à la Corse qui a eu « la fortune et l’honneur d’être le premier morceau libéré de la France ». Avant que ne soient célébrées les grandes dates du 70ème anniversaire de la libération du pays en 2014, le rappel de celle de la Corse était bien utile pour les médias et les éditeurs de manuels scolaires qui l’omettent souvent. Et puis en ces temps de basses eaux républicaines, le souvenir de la Résistance et de ses valeurs viennent à point nommé parce que « les souvenirs sont nos forces. Ils dissipent les ténèbres » affirme Victor Hugo. « Ne laissons pas s’effacer les anniversaires mémorables. Quand la nuit essaye de revenir, il faut allumer les grandes dates comme on allume des flambeaux »

Ce qu’on aura retenu aussi, ce sont quelques grandes figures de la Résistance insulaire rappelées dans les discours et dans les médias. Si certain(e)s d’entre eux (elles) sont souvent honoré (e)s, c’est parce qu’ils sont ils (elles) sont les porte-drapeaux de cette armée de l’ombre dont les soldats, tous, ont droit à notre respect et notre gratitude. Ainsi l’a exprimé dans son émouvant et puissant discours, Léo Micheli, un des derniers survivants de cette belle page d’histoire de la Corse : « La Résistance est une et indivisible ». C’est pourquoi sont vains et dérisoires les portraits hagiographiques érigeant tel Résistant en stratège solitaire, tel autre en chef de guerre, alors qu’il n’y avait pas de chef protestait Arthur Giovoni mais « seulement des responsables… ce beau mot : responsable ». De même, est vain et dérisoire l’accaparement des martyrs pour servir les passions politiques du présent. « Il n’est pas moins déloyal de s’approprier les morts que de les oublier » dit Alain Finkielkraut. Et il n’est pas moins dommageable « d’oublier leur transcendance que d’oublier leur existence ». Jean Nicoli écrit mourir pour la France –celle de 1789, pas celle de Pétain – pour la Corse, pour son parti mais quel plus bel exemple de transcendance et d’universalité que « cette voix qui monte des fers » pour dire par dessus tout : « Je meurs pour les spoliés de la terre ». Un message qui nous oblige.

  1. MM VERGELLATI pour la Corse-du-Sud et Marc-Paul LUCIANI pour la Haute-Corse

 

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