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Archives : éditoriaux La fachosphère

20 janvier 2017
C’est le terme employé par l’avocat Me Gatti (le défenseur d’un délinquant d’origine maghrébine), molesté après sa plaidoirie par un petit groupe venu au tribunal pour faire pression sur la justice . Cet effet d’attroupement est devenu une habitude pour transformer en « conflit de civilisation » ce qui relève ordinairement du droit commun.

 

Ainsi après l’agression des pompiers dans le quartier des Jardins de l’Empereur à Ajaccio fin 2015 et après les incidents de Sisco, de l’été 2016, ils se déplacent en meute au cri de « Nous sommes chez nous », devant les palais de justice et dans les quartiers où résident beaucoup de familles originaires du Maghreb. Tolérance zéro ! Même André Paccou, le président de la Ligue des droits de l’homme en Corse, qui ne manque pourtant  jamais d’affirmer son soutien à la cause nationaliste corse, n’a pas grâce aux yeux des « Nous sommes chez nous ». Il fait l’objet d’une haineuse campagne sur les réseaux dits sociaux. Et en dépit de nos divergences, la solidarité de l’ANACR 2A lui est acquise parce que les droits de l’homme ne se divisent pas.

Les passerelles idéologiques existent depuis longtemps entre certains courants de pensée nationalistes corses et l’extrême droite française. Passerelles idéologiques mais pas seulement. Elles sont politiques aussi ; depuis longtemps, la comparaison des résultats entre les élections nationales et régionales révèle, lors des élections nationales, un transfert important des voix des « Nous sommes chez nous » corses aux « Nous sommes chez nous » français. Mais depuis quelques mois, une étape a été franchie : ces deux courants de pensée, antagoniques au premier abord,  se retrouvent -via les réseaux sociaux – dans la rue pour faire des démonstrations de force. Ce qui les rassemblent ? La xénophobie, la peur de l’étranger, la hantise du déclin. Ils sont antagoniques soit, mais « ils s’aiment de haïr ensemble ». Bandiera corsa déployée et au chant de Dio Vi Salve Regina, ce sont les nouveaux « Croisés », les défenseurs de la civilisation chrétienne. Si l’islam politique est un réel danger, il faut y opposer les seules armes de la République. Toutes les armes de notre démocratie, à commencer par la laïcité.

Antoine POLETTI

* Si le mot manque un peu de rigueur scientifique, il s’est imposé ces dernières années pour désigner une extrême droite ayant fait d’Internet son premier terrain de bataille. La fachosphère n’a certes rien d’un milieu homogène : sa diversité est celle de l’extrême droite. Y cohabitent identitaires et catholiques traditionalistes, nationalistes-révolutionnaires et disciples d’Alain Soral…(Wikipedia)

 

 

VERBATIM

Le « Cercle Petru Rocca », qui s’est donné pour mission la « promotion et la défense des valeurs traditionnelles et humaines de la Corse » -on devine lesquelles- n’a plus donné signe de vie depuis décembre 2013. A notre connaissance. C’était à l’occasion  d’une réunion  au Best Western de Bastia qui avait pour thème « La Corse et l’islam ». S’y côtoyaient, entre autres, d’anciens OAS et Christophe Canioni du FN. Parmi les intervenants, deux nationalistes corses connus : Denis Luciani, membre de Femu a Corsica, président de  l’ Associo di I Parenti Corsi, membre du Conseil économique, social et culturel de la C.T.C. et Christian Mondoloni militant « historique » de l’ARC, auteur d’un livre récent préfacé par Edmond Siméoni. Depuis, plus aucun signe de vie de ce « Cercle Petru Rocca » !  En revanche, les héritiers de Petru Rocca sont bien là.

On peut lire leur prose sur internet. Ainsi Corsica Patria Nostra pour qui la tradition corse «doit s’articuler aux deux autres fonctions, militaires et sacerdotales [...]. ... donner naissance à une société ‘en ordre’. » [...] « Peuple producteur, armée et Eglise œuvrent alors conjointement et hiérarchiquement à la Puissance et la Civilisation.». [...] « Ethnique et communautaire, le populisme corse est par sa nature même antagoniste au ‘pays légal’ français et à l’état jacobin. » Un air connu, dans le plus pur style de A Muvra !« Le populisme est l’aspiration des peuples face aux oligarchies globalistes [...]. Le populisme est donc à la fois la défense des ‘petits blancs’ victimes de l’immigration et de ses conséquences, et celles du  monde du travail confronté à la dérégulation sociale et la financiarisation de l’économie ». En résumé : National (version corse) - Socialiste ! Comme c’est indiqué sur la page d’accueil du site de CPN, en bas à droite du bandeau : « naziunale, radicale, suciale. 

Sur le site internet de Leia naziunaleon peut lire que :  Notre communauté historique, catholique, ne peut que souffrir de ce modèle laïciste [français], où toute spiritualité et toute identité se fondent dans le chaos mondialiste. […]
Sur le site de Sangue corsu : " Nous pouvons être athées, agnostiques, bouddhistes, païens, mais cela n'autorise personne à remettre en cause l'identité chrétienne de la Corse. […]Le "moi je" n'a pas sa place. L'individu n'est rien sans son groupe. Donc la Corse est chrétienne,"

"TU n' es rien, le peuple est tout" était-il écrit sur l'enseigne à l'entrée du camp de Dachau. Une fâcheuse coïncidence.

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