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Actualités Il y a 81 ans, 1ère réunion du CNR

28 mai 2024

C’est au monument de la Résistance qu’a eu lieu à Ajaccio, la traditionnelle cérémonie pour commémorer la première réunion du Conseil National de la Résistance. Un élève de la classe de Mr Torre (Collège Fesch) a ouvert la cérémonie par la lecture d’un poème de Paul Eluard. Mr Antoine Poletti, membre honoraire du bureau national de l’ANACR, à son tour, a prononcé une allocution (ci-dessous), puis Mr Florian Straser, directeur de cabinet, représentant le préfet Mr Amaury de Saint-Quentin, a lu le message de Mme Patricia Mirallès, Secrétaire d’État auprès du ministre des Armées, chargée des Anciens combattants et de la mémoire.

Allocution de Mr Antoine Poletti.
48 rue du Four à Paris. La plaque commémorant la première réunion du CNR

Dans Paris occupé par l’ennemi nazi, le 27 mai 1943, rue du Four, le Conseil National de la Résistance se réunissait pour la première fois depuis sa création.  Jean Moulin, moins d’un mois avant son arrestation et son martyre, voyait ainsi aboutir un long et difficile processus d’unification de la quasi-totalité des mouvements de résistance, partis et syndicats qui œuvraient, dans la clandestinité, pour la libération du pays. De ce jour, la résistance de chacun d’eux n’en faisait plus qu’une et toutes se plaçaient sous l’autorité du général de Gaulle, le chef de la France Libre. Face au péril, ils avaient surmonté leurs désaccords, leurs divergences, pourtant profondes parfois, pour relever le défi qu’affrontait la nation : sa survie.

Afin qu’ils acceptent la défaite et la liquidation de la République, le régime de Vichy accablait les Français de repentirs. Il leur demandait d’expier dans la collaboration avec l’occupant ; expier « 150 années d’erreurs » depuis la Grande révolution expliquait le maréchal Pétain en 1939. En acceptant la défaite et en signant ce honteux armistice, aux yeux du monde, la France s’était déshonorée. Aux yeux du monde, elle était déconsidérée. La guerre finie, elle serait dans le camp des vaincus, promise à subir la loi des Alliés vainqueurs. Pire : elle pourrait se voir

L’allocution d’Antoine Poletti.

amputée d’une partie de son territoire. Empêcher ce scenario, voilà donc le défi que devaient relever les patriotes !

Passé le temps du chaos de la défaite de l’été 40, les mouvements et réseaux de résistance avaient commencé de s’organiser dans le pays. A Londres le général de Gaulle, depuis son célèbre appel du 18 juin, reconstituait, non sans peine, les Forces Françaises Libres, une armée pour maintenir la France au combat aux côtés des Alliés. Mais il lui fallait pour affirmer sa légitimité auprès d’eux, rassembler en une seule toutes les Résistances luttant dans le pays, et les mettre à l’unisson avec la Résistance extérieure. Ce fut chose faite ce 27 mai 1943. « La voix de cette France écrasée, mais grondante et assurée, écrira plus tard le général, couvrait soudain le chuchotement des intrigues et les palabres des combinaisons. J’en fus à l’instant plus fort ».

Affiche célébrant la Journée Nationale le Résistance, le 27 mai

Dans l’immédiat, le Conseil National de la Résistance avait la charge de coordonner les efforts politiques et militaires afin de contribuer, avec les Alliés, à la victoire finale. Mais dès ce printemps 1943, le Conseil National de la Résistance avait aussi esquissé ce qui deviendra, un an plus tard, un programme de profondes réformes économiques, sociales et politiques qui constitueront le socle sur lequel, dans des relations internationales refondées, la France sera reconstruite après-guerre : une France solidaire, fraternelle et souveraine pour faire en sorte, est-il écrit dans le programme du CNR, « que l’intérêt particulier soit toujours contraint de céder à l’intérêt général, que les grandes sources de la richesse commune soient exploitées et dirigées non point au profit de quelques-uns mais pour l’avantage de tous, que les coalitions d’intérêt […] soient abolies une fois pour toutes ». Un tel programme, précisait le général de Gaulle, « devra être conjugué avec une organisation internationale des rapports de toutes natures entre toutes les nations, telle que dans un monde dont l’interdépendance est désormais la loi, chaque peuple puisse se développer suivant son génie propre, et sans subir aucune oppression politique ni économique ».

C’est sur la base de ces principes que fut élaboré, le programme sur lequel la nation s’est reconstruite après-guerre. Mais, à l’évidence, dans la durée, ce qui a eu lieu après n’a pas toujours été à la hauteur des espérances nées de tant de sacrifices, de tant de ruines, de tant de vies brisées et tant de morts. Il n’en reste pas moins que cet héritage est une réserve de sens parce que les valeurs et idéaux proclamés alors, appartiennent à leur temps et le dépassent. C’est en reconnaissant notre dette incommensurable à l’égard de la Résistance que nous pourrons, un tant soit peu, nous en acquitter ; et ce faisant, entretenir la flamme de la Résistance et les valeurs qui la portaient, bien fragilisés depuis. Pourtant, du chaos de l’été 1940 à « La promesse de l’aube »1C’est le titre d’un livre écrit par Romain Gary (1) du printemps 43 que nous commémorons, et jusqu’à la victoire, il a été prouvé, comme l’a écrit Georges Bernanos, que « La plus haute forme d’espérance, c’est le désespoir surmonté. Une raison pour nous d’espérer et d’agir aujourd’hui, en ces temps difficiles.

Vive la Corse. Vive la République. Vive la France.

Antoine Poletti

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