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Actualités Un retour aux sources de l’irrédentisme ?

10 février 2020

« Retour aux sources, guidés par A Guardia Corsa Papale »(1) . C’était le titre d’un article de Corse-Matin du 28 juillet 2019 consacré au retour en Corse, dans leur village d’origine, de deux fils d’irrédentistes corses, condamnés par la France à la Libération, et qui ont été contraints de finir leurs jours en Italie : Antò Francescu Filippini et Petru Giovachini.

Dans une brochure publiée par l’ANACR 2B (2), L’historien Hubert Lenziani, revient sur cet article du quotidien, non pour « pointer une quelconque responsabilité des enfants, au regard des actes de leurs géniteurs, [mais parce que] leur présence sert de prétexte à un article de C-M au contenu très orienté, sans qu’il soit besoin de lire entre les lignes. Le passage suivant est assez édifiant à cet égard : «Antò Francescu Filippini, le père de Pietro, y verrait un beau retour aux sources. Lui qui est décédé en Italie sans avoir eu l’occasion de revenir sur sa terre de Corse. Il faisait partie du mouvement autonomiste — le terme irrédentiste eut été plus adapté —de A Muvra et a collaboré entre autres à La Corse ancienne et moderne, aux archives historiques de la Corse, et autres grands journaux et magazines politiques littéraires [Financés par l’Italie fasciste]. Sa collaboration avec Petru Giovacchini est également connue, au bénéfice de la culture corse ». (3)

Aucune précision, poursuit Hubert Lenziani, n’est donnée quant aux raisons de l’exil italien de Filippini, tout en adoucissant le profil idéologique de ce dernier avec le terme autonomiste. Quant à la référence à l’apport culturel, elle sert d’alibi, tout en recouvrant d’un voile spécieux la mémoire de nos années d’occupation fasciste. Enfin, les dernières lignes de l’article sont sans équivoque quant à l’esprit qui sous-tend la démarche entreprise à l’occasion : ‘L’intérêt démontré par des personnalités telles que Pietro Filippini et Simeone Giovacchini [les enfants des irrédentistes] contribue à légitimer la démarche entre Rome et la Corse. Anto Fran­cescu Filippini aurait apprécié !’.  Le poète aurait peut-être apprécié, les résistants corses moins… En effet, on ne saurait oublier que la Rome de Filippini était celle de l’Italie fasciste, quoique de nos jours, la conjoncture politique italienne en exhale certains relents » conclut Hubert Lenziani.

(1) Dans le cadre des actions de l’Associu di a Guardia Corsa Papale, […] les enfants avaient émis le vœu de faire étape au village de San Damianu, terre de leurs ancêtres ».
(2) »L’irrédentisme et la Corse » Actes du VIIème colloque organisé par l’ANACR 2B. p 78
(3) A ceux qui invoquaient le talent de Brasillach pour demander sa grâce, le Général De Gaulle avait opposé que « …dans les lettres comme dans tout, le talent est une responsabilité ».

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