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Actualités Hommage à Danielle Casanova

11 mai 2021
77ème anniversaire de la mort de Danielle Casanova

Si les contraintes sanitaires obligent à réduire le nombre des officiels – Le préfet Pascal Lelarge était présent -, le public avait quand même répondu présent. Rassemblés devant la maison où est née Danielle Casanova, tous étaient rassemblés pour commémorer le 77ème anniversaire de sa mort. C’est à Juliette Alesandri, membre du bureau de l’ ANACR 2A, qu’il revenait de rappeler le souvenir de cette figure emblématique de la Résistance féminine française.

« Le 9 janvier 1909 Danielle Perini, devenue plus tard Danielle Casanova est née dans cette belle maison, face au décor de rêve que nous avons sous les yeux. Nul n’aurait pu penser qu’elle mourrait à 34 ans dans le décor de cauchemar où l’a conduite la barbarie du XXème siècle à laquelle elle s’opposa avec force et abnégation.

« A 34 ans, cette très jeune femme était riche d’un parcours magnifique : soignante, militante, résistante. Étudiante en dentaire, à Paris, elle milite à l’Union des étudiants puis aux Jeunesses communistes dont elle est responsable en 1932 ; elle fonde alors l’Union des jeunes filles de France.

« Le problème de l’inégalité homme-femme se pose encore trop souvent de nos jours ; la période de confinement a vu hélas se multiplier les violences faites aux femmes. Les témoignages courageux de nombreuses femmes ont révélé une ampleur des abus et agressions sexuelles que l’on ne soupçonnait pas. En son temps, Danielle Casanova avait bien saisi la nécessité de donner une voix à celles qui n’en avaient pas. Ce mouvement novateur, comme d’autres à la même époque, offrait aux jeunes filles bien des perspectives, des possibilités de prendre des décisions au travail comme en politique, mais aussi une ouverture aux domaines de la culture et des loisirs.

« Si le but premier était de lutter contre la double pénalisation des jeunes filles issues de milieux très modestes, Danielle Casanova voulait ce mouvement ouvert aux jeunes filles d’horizons, de milieux, d’opinions politiques différents ; ainsi s’y côtoyaient « celles qui croyaient au ciel et celles qui n’y croyaient pas », pour s’impliquer dans la société et les événements – Front populaire, aide aux Républicains espagnols, lutte pour le droit de vote ; l’époque était à l’enthousiasme, en osmose avec la personnalité de Danielle.

« La guerre a changé la donne. En 1939, le Parti communiste est interdit. Danielle entre en clandestinité. Puis, en juin 1940, c’est la défaite et l’occupation. Danielle organise les Comités féminins de Résistance, très actifs  pour les manifestations, distributions de tracts, attentats. Leur journal, clandestin, s’intitule La voix des femmes. Recherchée par la police de Vichy et la Gestapo, elle est arrêtée en février 1943, incarcérée à la prison de La Santé, puis au fort de Romainville dans les conditions que l’on sait. Malgré cela, la veille même de sa déportation pour Auschwitz, elle écrit à sa mère, l’admirable Mme Perini, des mots d’espoir.

« Le 24 janvier 1944, le convoi des 31 000 stoppe à Auschwitz-Birkenau après six jours d’un trajet atroce. Le froid est intense, la terreur paralyse le groupe de femmes épuisées. Danielle réagit très vite ; « Raymonde, souffle-t-elle à sa proche compagne , La Marseillaise ! » Il faut fermer les yeux et entendre :  les hurlements des kapos, les aboiements des molosses, le bruit des coups et l’hymne qui s ‘élève, timidement d’abord, puis prend toute sa force. Les SS sont médusés. Danielle et ses compagnes chantent l’air qui à tous les peuples donnait le vertige ; appel aux citoyens libres et égaux en droit. La Marseillaise de Danièle est universelle  : dans le camp, quelles que soient leur nationalité, et même sans en comprendre les paroles, toutes les détenues s’y accrochent ; ainsi en a témoigné Manca Svalbova, la doctoresse tchèque : « Pour la première fois dira-t-elle plus tard, nous respirions librement ».

« Danielle est affectée au revier, simulacre d’infirmerie dépourvue de tout. Là, bien que dévastée par ce qu’elle découvre de jour en jour elle résiste toujours ; jusqu’à épuisement pour soigner, encourager, trouver des médicaments, donner sa propre ration. Chez cette femme si forte la tendresse est bien présente : en témoigne la petite poupée, fabriquée en détention, pour sa nièce , et pieusement conservée par la famille. L’humanisme est absolu, comme chez Maria De Peretti gazée à Auschwitz, comme chez Sœur Elise Rivet et tant d’autres femmes et hommes connus ou anonymes.

« Le 9 mai 1943, Danielle est terrassée par le typhus et l’ « exécution lente » d’Auschwitz, ainsi définie par le poète mais son exemple survit ; à la libération du camp, les rares rescapées du convoi de Romainville sortirent du camp en chantant la Marseillaise de leurs voix cassées. Eût-elle survécu, Danielle Casanova aurait poursuivi le combat pour le justice et la dignité, comme l’ont fait Geneviève Anthonioz – De Gaulle ou la courageuse Eugénie Rosselini. Mais l’esprit de Résistance de Danielle est bien vivant. Il se manifeste chaque jour ; je pense aux soignants, à la jeune capitaine du Sea Watch, aux habitants de la vallée de la Roya secourant les migrants, à toutes celles et ceux qui ne se résignent pas, relèvent la tête et aident leurs semblables dans les régions en guerre, dans les camps de réfugiés, dans les zones de misère, là où sévissent l’apartheid, l’oppression, les discriminations ; à tout ceux qui dans un monde si compliqué luttent pour un vrai « monde d’après » .

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