Chargement...

 

Actualités 79ème anniversaire de l’insurrection.

10 septembre 2022

Comme chaque année, c’est devant le monument de la Résistance, que les Ajacciens ont commémoré le 79ème anniversaire de l’insurrection libératrice de la Corse. La lecture par un élève de l’ordre d’insurrection lancé par le Front national de la Résistance, le 9 septembre 1943, a été suivie de l’allocution Malika Beaurain, membre de l’ ANACR 2A.

79eme anniversaire de l'insurrection
79ème anniversaire de l’insurrection. Cérémonie d’Ajaccio.

 » Aujourd’hui, 09 septembre 2022, nous célébrons le 79ème anniversaire de l’insurrection contre l’occupant, cette insurrection qui a mené la Corse à sa libération totale le 04 octobre 1943.

 » Le 08 septembre 1943, en cette fin d’après-midi d’été, la chaleur pèse comme une chape de plomb sur la ville d’Ajaccio silencieuse. Dans l’arrière boutique de l’électricien Jean Bessières, sur le Cours Napoléon, se déroule clandestinement une réunion entre les résistants du Comité d’arrondissement et ceux du Comité cantonal d’Ajaccio, soudain, Pierre Pagès, un partisan, beau-frère de Danièle Casanova, entre dans la boutique et annonce aux participants la capitulation italienne diffusée par la radio. La nouvelle se propage dans toute l’île comme une trainée de poudre !

 » Les Ajacciens se précipitent sur le Cours Napoléon afin de commenter l’évènement entre amis et voisins ; certains brandissent déjà des drapeaux tricolores et chantent « L’Ajaccienne », « La Marseillaise » et parfois « L’Internationale » ! Le Cours Napoléon retrouve en un instant son animation joyeuse après de longs mois de colère contenue, de silence et de méfiance ! Les mêmes scènes se répètent dans toutes les villes corses. Certes, on savait, depuis la destitution de Mussolini le 25 juillet, que l’Italie ne tarderait pas à capituler, l’évènement avait été préparé, les consignes données aux comités locaux mais il fallait vite réagir face à cette situation nouvelle pour, maintenant, affronter l’occupant allemand.

 » A 19H30, des groupes de patriotes sont rassemblés devant la mairie et marchent en direction de la préfecture, bien déterminés à y pénétrer et en prendre possession. Devant les grilles de la préfecture, Maurice Choury (alias Annibal), un des responsables du Front National de lutte pour la libération de la France, appelle à un rassemblement massif pour accompagner le lendemain la délégation qui prendra le contrôle de la préfecture. Seul membre du Comité départemental présent à Ajaccio, Maurice Choury rédige, pendant la nuit du 08 au 09 septembre, dans la chambre de Robert Giocanti, l’ordre d’attaque qui sera transmis à tous les cantons, et les arrêtés préfectoraux proclamant le rattachement de la Corse à la France Libre.

 » Au matin du 09 Septembre, la foule se presse sur « le Cours ». Les Résistants, juchés sur le toit d’une ambulance municipale équipée d’un haut-parleur, annoncent à la population les projets immédiats pour l’avenir. A dix heures, à la tête de la délégation, Maurice Choury expose au préfet de Vichy qu’il est démis de ses fonctions et que c’est, dorénavant, un Conseil de préfecture, dirigé par la Résistance, qui lui sera substitué.

 » Au nom du Comité départemental de la Corse, Maurice Choury fait un discours :
« Patriotes Corses,
Ce jour que vous attendiez depuis quatre longues années, cette heure bénie de la résurrection de la patrie a sonné… Enfin on peut, sans risquer l’arrestation, le camp de concentration, voire même le peloton d’exécution, chanter la Marseillaise derrière le drapeau tricolore, enfin les patriotes peuvent crier à la face du ciel leur amour de la patrie […]».

 » A midi, le Comité départemental du Front National pénètre dans la préfecture. D’heure en heure, de minute en minute, les réalisations pratiques s’accumulent…Preuve qu’un pouvoir qui a l’appui du peuple peut agir vite et fort…
A 20 heures, la place des Palmiers est noire de monde, le conseil municipal vichyste est dissous et aussitôt remplacé par un conseil municipal constitué de patriotes désignés par acclamation. Renée Pagès, épouse de Pierre Pagès et sœur de Danièle Casanova, en fait partie. Elle est, à la Libération, la première femme à siéger dans un conseil municipal. Les organisations antipatriotiques sont dissoutes, les traitres sous les verrous, les prisonniers politiques sont libérés et les groupes de combat du Front National assurent l’ordre public. Les patriotes rédigent leur journal. Le rétablissement de la ration normale de pain est décidé pour le 15 septembre. Comme par enchantement le marché noir a disparu !

 » L’insurrection a triomphé. Le Comité départemental du Front National de lutte pour la libération de la France est institué en conseil de préfecture. La foule se rend ensuite au monument aux morts et, recueillie, prête serment :
 » Devant nos morts de la guerre 1914-1918, devant nos héros et nos martyrs de la Résistance, nous faisons le serment solennel de faire de notre patrie une France libre, propre et heureuse « .

 » Tout est prêt pour accueillir le débarquement des Alliés, car, si l’Italie a déposé les armes, la guerre, elle, continue, En Corse d’abord, il faudra affronter l’armée allemande, forte de quelques milliers d’hommes présents depuis plusieurs mois auxquels s’ajouteront 30.000 soldats allemands, transitant de Sardaigne en Italie, en passant par la plaine orientale. Partout où il est présent, l’ennemi est harcelé par les Résistants. Des affrontements sanglants et meurtriers se dérouleront encore en Alta Rocca puis sur les hauteurs de Bastia avec le soutien de l’armée française venue en renfort d’Alger, jusqu’au jour de la libération complète de l’île le 04 Octobre 1943. Les Résistants, en prenant l’initiative de l’insurrection, ont hâté l’heure de la libération de la Corse et ont écrit une belle page de son histoire.

 » Vainqueurs, ils espéraient une paix durable pour un monde nouveau de progrès et de justice sociale. Cet espoir a fait long feu. Aujourd’hui, à nos portes, la guerre sème la mort la ruine et la pauvreté. Certains chefs d’état s’arrogent le droit d’outre-passer les règles décidées par l’O.N.U.en franchissant des frontières, afin de satisfaire leur soif de pouvoir… « Quand nous serons en paix, ils seront bien vengés » écrivait un poète en hommage aux victimes de la barbarie. Construire un monde en paix et l’y maintenir est l’affaire de chaque génération. Sachons nous montrer aujourd’hui, plus que jamais, vigilants, pour que la force du droit l’emporte sur le droit de la force.

 » Mesdames et Messieurs, je vous remercie pour votre attention et vous rappelle que le 09 septembre 2023 nous célèbrerons le 80ème anniversaire de l’insurrection d’Ajaccio, nous vous espérons nombreux à cette cérémonie spéciale ! Nous avons ce soir une pensée particulière pour la Reine Elisabeth II, décédée hier, qui fut une combattante lors de la Seconde Guerre mondiale, nous lui rendons hommage. »

Malika Beaurain

Copyright ANACR 2A 2020   |   Administration

Site de l'ANACR 2B | Site du Musée de Zonza