Avec toute sa famille il participe à l’accueil de la mission Pearl Harbour venue d’Alger et débarquée clandestinement dans la région entre Piana et Cargèse. Avec celle qui deviendra son épouse, Marie Versini, avec sa famille et quelques amis, ils seront du premier cercle qui deviendra le réseau Pearl Harbour

Depuis sa naissance ; il vit avec sa famille dans le village de Marignana (Piana). Il est le fils de Mathieu Nesa et de Marie-Jeanne Antonini. Ils sont par tradition bergers et producteurs de caprins. Il assiste contraint et démuni, comme les autres citoyens corses, à l’occupation fasciste italienne le 11 novembre 1942 ; soit presque un occupant pour 2 habitants. Toutefois, il aura l’opportunité dès cette fin 1942 de s’engager dans la résistance active.

Les débuts de la Résistance corse

Le 15 décembre 1942, quatre personnes entrent en contact avec lui et sa famille par l’intermédiaire de son oncle Dominique Antonini, ancien militaire, et de l’abbé Mattei. Ils viennent d’Alger par le sous-marin Casabianca et ont pour mission de coordonner, créer des groupes de résistants, entrer en contact avec les groupes déjà créés pour recevoir des armes en vue d’un débarquement. Ce sont les quatre premiers agents de la mission Pearl Harbour qui ont leur tout premier contact avec les habitants de l’Ile : le chef de mission, le commandant de Saule, Toussaint et son cousin Pierre Griffi et Laurent Preziosi.
L’oncle de Charles Nesa, Dominique Antonini, lui demande, ainsi qu’à son frère Benoît, de l’accompagner jusqu’au rivage de l’anse de Topiti pour aider ces agents clandestins. Il faut récupérer les armes, le poste radio et aussi prendre en charge l’enseigne de vaisseau Lasserre et deux sous-mariniers, Vigot et Lionnais. Ces derniers n’ont pas pu regagner le Casabianca à cause d’une tempête soudaine.
Les agents sont hébergés avec enthousiasme par la famille Nesa qui s’adjoindra le concours d’une jeune patriote Marie Versini. Elle deviendra leur agent de liaison. Charles Nesa, Marie Versini et les autres deviennent membres de la mission Pearl Harbour.
Le 16 décembre un certain nombre de villageois est mis rapidement dans la confidence et participe aussi avec dynamisme et rigueur à constituer un solide réseau pour les aider (plusieurs seront par la suite arrêtés ou condamnés par contumace : notamment le receveur des Postes Antoine Camilli, Pascal Versini, Benoît Versini. François Alessandri, Jean Alfonsi).
Le 17 décembre 1942, Charles, et son père, Mathieu Nesa, robuste montagnard guideront durant plusieurs kilomètres à travers les montagnes Toussaint Griffi et Laurent Preziosi qui ont prévu de se rendre à Corte pour entrer en contact avec les résistants cortenais. Le commandant de Saule, et Pierre Griffi ont prévu pour leur part, de rester dans la région de Piana.

L’organisation de réseaux dans la région

Le 6 février 1943, Charles Nesa participe à la première plus grande livraison d’armes en Corse (450 mitraillettes et 65.000 cartouches) réalisé par le Casabianca en baie d’Arone*. Il se joint, avec tous les membres de sa famille et de son village, aux agents de la mission, aux sous mariniers et au réseau ajaccien de Jean Nicoli. Il est un des 3 guides qui arrivent par des chemins différents pour limiter les risques. Toutefois à leur arrivée en baie d’Arone, ils trouvent deux nouveaux agents arrivés la nuit précédente par le sous-marin, le radio opérateur Chopitel dit Tintin et l’adjudant-chef Michel Bozzi et deux sous mariniers ; Paul Asso et Robert Cardot qui n’ont pu rejoindre le commandant L’Herminier dans le sous-marin Casabianca .

L’agent Michel Bozzi qui est chargé d’opérer dans la région d’Ajaccio sera caché dans une maisonnette des environs de Piana et ravitaillé par Charles Nesa et Marie Versini. Ces derniers deviendront dès lors inséparables. Avec Toussaint Griffi, ils vont cacher une partie des armes dans la bergerie U Salognu où résident ses parents Mathieu Nesa et Marie-Jeanne Antonini. Ces armes seront réparties dans la région par François Cantoni qui dispose d’une camionnette à double fond. Malheureusement, ce dernier sera arrêté et déporté en Italie.
Après le retour de mission de Toussaint Griffi et Laurent Preziosi pour Alger le 10/03/1943 par le sous-marin Casabianca, il reste en contact avec Pierre Griffi, qui a refusé de rentrer, et le Commandant de Saule qui repartira un mois plus tard. La maison familiale sert régulièrement de refuge et de lieu de passage des résistants.

La période des vagues d’arrestation

Le 2 avril 1943 son frère Benoît repère à temps des soldats italiens. Depuis la colline qui fait face à la bergerie, il crie la consigne en cas d’arrivée des soldats italiens : «les cochons sont dans les amandiers». Le refuge est immédiatement abandonné et personne n’est arrêté parmi les résistants.  A partir de cette date, Charles prendre le maquis des 2 Sevi avec son frère, Marie Versini et plusieurs autres résistants repérés. Ils dorment parfois dans des grottes.  D’ailleurs, son frère Benoît, né le 21/01/18, et son oncle, né le 20/08/14, fils d’Antoine et de Saveria Marie, avaient été identifiés et condamnés par contumace le 27/07/43 par le Tribunal militaire du VIIéme corps d’armée italien.

Le 9 septembre 1943, tous ces résistants sortent du maquis après l’appel à l’insurrection par le Front National de la Résistance. Charles Nesa combattra jusqu’à la libération totale de la Corse le 4 octobre 1943 par la libération de Bastia. Malheureusement ne pourront y participer notamment : Pierre Griffi, fusillé le 18 août 1943 ; Jean Nicoli, le radio Luiggi et Michel Bozzi, le 30 août 1943.

Après la libération de la Corse

Charles Nesa s’engage ensuite dans l’armée pour la libération totale de la France, comme le fera Marie Versini dans l’armée de l’Air en tant qu’infirmière ambulancière.  Affectés en Algérie ils s’y marient le 14 août 1944 en tenue militaire. Elle prend part au débarquement à St Tropez.  Il participe de son côté au débarquement de Provence. Le débarquement sur la Côte d’Azur est effectué par 500.000 soldats dont 250.000 français composés de Corses, Pieds noirs, Maghrébins et évadés de toute la France.

Ils ne retournent vivre à Marignana puis à Evisa qu’en 1946 pour ne plus trop s’en éloigner. Charles Nesa fermera définitivement ses yeux le 6 juillet 2015 à Ajaccio. Il sera inhumé le 9 juillet dans la chapelle familiale à Marignana. Son épouse l’avait précédé 7 ans plus tôt.

Décorations :

Chevalier de la légion d’honneur, chevalier dans l’ordre national du mérite.
Croix de guerre avec étoile de bronze, cité à l’ordre du régiment croix du combattant volontaire de la Résistance, croix du combattant de moins de 20 ans.

Georges PREZIOSI

Georges PREZIOSI,à partir du témoignage de son fils Mathieu Nesa, de l’ouvrage «1ère mission en Corse occupée» (L. Preziosi et Toussaint Griffi. Ed. L’Harmattan) et d’articles de Corse-Matin)

* Une plaque en commémoration de cet évènement a été érigée à cet endroit.