Avocat, Maire de Bastia, destitué en 1941 par le régime de Vichy. Avec son fils Joseph et ses amis politiques, ils accueillent les hommes de la mission Pearl Harbor à Bastia. Il est emprisonné par l’occupant italien. A la Libération, il retrouve son fauteuil de maire de Bastia.

Né à Bastia le 19 juillet 1876. Décédé en 1966.

Il est issu d’une grande famille espagnole établie en Corse depuis l’an 1100 par un de ses membres, gouverneur de Casteluccio Giovellina. Elle fut constituée par une longue lignée d’hommes de robes et d’épée. Il devint l’avocat qui plaida le plus grand nombre d’affaires de Cour d’Assise de Bastia, notamment en défendant les célèbres bandits corses comme Spada, Rutili, Castellani, Torre et Caviglioli. Le 21 avril 1932, pendant sa plaidoirie il est grièvement blessé à cause de l’effondrement du toit du Palais de Justice de Bastia qui fit 20 morts et 30 blessés. En 1908, il est conseiller municipal, puis second adjoint d’Emile Sari en 1919, et bientôt premier adjoint, jusqu’en 1937. En l’absence d’Emile Sari, il fait fonction de Maire, pendant une douzaine d’années. En 1937, il est élu maire.

A la manifestation du 4 décembre 1938, très populaire, il prend la tête du cortège et le conduit Place St Nicolas pour prêter le Serment de Bastia devant le monument aux morts. Dominique Salini cite dans son livre «En ce temps là Bastia» une partie de son discours où il clame sa haine envers le gouvernement fasciste italien. A la venue de Georges Daladier le 2 janvier 1939, en sa qualité de maire de Bastia, sur la place Saint Nicolas, devant une foule en liesse de 40.000 personnes, il dit son refus aux prétentions de Mussolini d’annexer la Corse.  En 1940, il intervient officiellement pour marquer son opposition à l’occupation allemande. Ce refus est motivé par son patriotisme et son attachement à la République. Au surplus, il avait des raisons personnelles de s’y opposer : son frère Louis avait été tué dans la Somme en 1916 et son frère Pierre, avait été chassé de Rome par le gouverneur fasciste de Mussolini.

Il est destitué de ses fonctions de maire par Vichy en 1941 à cause de ses idées radicales et son rattachement à de Gaulle. Cette année là, il avait déjà initié plusieurs réunions avec une partie de ses proches amis politiques dont le secrétaire général de mairie, Charles Clément et le bibliothécaire Vecchini. Pendant la période entre juin 41 et février 42 son fils Joseph de Montera organise des réunions d’échanges et de réflexions dans son studio avec plusieurs personnes dont Laurent Preziosi qui travaillait à Bastia pour fuir les autorités de Vichy à Alger et réfléchir aux actions de résistance possibles.

Le 20 janvier 1943, Laurent Preziosi, débarqué dans la baie de Chjuni par le sous-marin Casabianca le 14 décembre 1942, revint à son studio à Bastia, dans le cadre d’une mission secrète «Pearl Harbor » dans laquelle il a été intégré par les services spéciaux de la Défense. Ceux-ci ont réussi à l’organiser sans qu’elle soit connue du Haut Commissaire du moment, l’Amiral Darlan, présenté comme le dauphin de Pétain qui est présent à Alger au chevet de son fils. Trois agents sont avec Preziosi : Toussaint Griffi et son cousin germain Pierre ainsi que leur chef de mission Roger de Saule. Dès cet instant, Joseph de Montera décide d’une réunion chez son père avec d’autres personnes qui seront associées à cette mission ; parmi elles : Dominique Casanova, l’avocat Sébastien de Casalta, le professeur Soulairol, l’intendant du lycée de Bastia, Dominique Poli ; à charge pour eux de recruter rapidement des Résistants dans le plus grand secret. La mission est informée des différentes personnes à contacter pour organiser des réseaux dans différentes régions.

Point d’ancrage de la résistance, au 35 Boulevard Paoli une plaque commémorative a été inaugurée par le Ministre des Anciens Combattants, André Meric, le 19 septembre 1988. Il y est gravé que :

« Dans cet immeuble le bâtonnier Hyacinthe de Montera, ancien maire et conseiller général de Bastia, officier de la légion d’honneur, et son fils Joseph Louis, reçurent le 20 décembre 1942, la première mission que l’état major interalllié a envoyé d’Alger par le sous-marin Casabianca pour organiser la résistance en Corse. Ensemble, avec cette mission Pearl Harbour, composée du Commandant Roger de Saule, des lieutenants Pierre Griffi, Laurent Preziosi, Toussaint Griffi et de l’enseigne de vaisseau Pierre Lasserre, ils implantèrent dans toute l’île un puissant réseau de renseignement et d’action.

Arrêté et emprisonné par les troupes italiennes d’occupation pour ses activités résistantes, dès lors les membres du Front National de la région de Bastia, dont font partie plusieurs personnes précitées, se structureront sous l’égide de Simon Vincinguerra, Dominique Salini, Roger Soulairol, Charles Galetti et Noël Fontana.

A la libération Hyacinthe de Montera est réélu à l’unanimité maire de Bastia en 1945 avec toute son équipe, depuis les Radicaux  jusqu’au Parti communiste. Par la suite il se retire de la vie politique mais continue son métier d’avocat jusqu’en 1959. Il décèdera en 1966. Une rue de Bastia porte son nom.

Il était notamment Officier de la légion d’honneur.

Georges Preziosi. 02.01.2014