Chargement...

 

BiographiesEvénements CASALE Pierre Paul

3 mai 2024
CASALE Pierre Paul

Il est le premier responsable de la Résistance du Nebbiu en constituant un réseau notamment sur  St Florent après la mise en place du régime de Vichy. Il est socialiste et en contact avec les personnalités de gauche de la ville de Bastia et en particulier Joseph-Louis de Montera et Sébastien de Casalta. Il reçoit en janvier 1942 les premiers agents venus d’Alger pour préparer notamment un futur débarquement des troupes français. Malheureusement il est arrêté avec quelques membres de son réseau sur dénonciation et transféré dans un camp de prisonniers en Italie en février 1942.

Le contexte familial, la jeunesse.

Il est né à St Florent, à l’ouest de la Corse, à la limite de la Balagne et du Cap Corse dans la maison de sa grand-mère maternelle, veuve Danza Félicité Baldacci. A sa naIssance, son père, Joseph Casale, né en 1887, propriétaire cultivateur, est âgé de 24 ans et sa mère Annonciade Duchesse Baldacci, âgée de 25 ans. La famille de Pierre Casale a subi une vrai tragédie grecque racontée par Marie Ferranti dans « Marguerite et les grenouilles ». L’arrière-grand-père maternel de Pierre Casale, Denis Piazza, a été abattu par son petit-fils, Joseph Casale, le père de Pierre Paul, parce que jugé responsable de la mort de la mère de ce dernier, Pauline Piazza, fille de Denis Piazza et épouse Casale. A ce jour, la jeunesse de Pierre Casale n’est pas connue. Il serait devenu fonctionnaire aux termes de ses études et aurait manifesté une forte sympathie au mouvement des jeunesses socialistes dès les années trente pour participer à l’avènement du Front Populaire.

Son engagement contre le régime de Vichy

Malgré l’instauration du régime vichyste le 10 juillet 40 sur l’ensemble du territoire français, dont la Corse en zone libre, il héberge clandestinement un réfugié politique hongrois Lazlo Barta, connu comme peintre, sous le nom de Barta. Casale a réussi à se constituer un réseau d’opposition politique clandestine pour obtenir des informations dans différents secteurs d’activité dans la ville. Il reçoit l’aide de ses deux plus jeunes frères, Philippe et Jean, puis notamment Georges Padrona, hôtelier, né en 1897, Toussaint Giorgi, pêcheur, né en 1895, Toussaint Scotto, né en 1908. Selon les archives, Il est déclaré engagé dans la France libre dès le 1er avril 1941 sous le grade de P2. Toutefois l’occupation italienne ordonnée par Mussolini le 11 novembre 1942, l’oblige à être très prudent et à limiter le développement de ses activités de résistance. Les troupes militaires italiennes sont très importantes : 80.000 soldats pour une ile de 220.000 habitants.

La réception d’agents de la mission «Pearl Harbour»

Cependant, dès fin décembre 1942, sur les recommandations de l’avocat Jean-Louis de Montera à Bastia, il reçoit deux des quatre premiers agents de la mission Pearl Harbour, mission constituée par les services secrets de la Défense Nationale installés à Alger. Ces agents, Toussaint Griffi et Laurent Preziosi, se sont préalablement rendus à Ile Rousse par le train pour y rencontrer les résistants de cette cité notamment Jean-Baptiste Le Bras à l’hôtel Bonaparte. Ils apprennent que le responsable du réseau du Nebbiu (de l’ouest du cap Corse à l’est de la Balagne, Patrimonio, St Florent, Murato, Oletta, Olmeta du Tuda, Rapale, etc…) réside à St Florent. Comme il n’y a ni train ni car pour rejoindre St Florent, ils sont obligés de venir d’Ile Rousse à vélo. Malheureusement ils font l’objet d’un contrôle appuyé par un barrage à l’entrée de St Florent par cinq soldats italiens casqués et en armes qui les laissent, toutefois, entrer dans la ville.

Casale les reçoit directement chez lui où il héberge déjà Barta, Ce dernier est devenu, de fait, l’adjoint de Casale. Sa réputation d’artiste peintre sur l’ile, lui sert de couverture dans son action de résistance. Les agents souhaitent obtenir un accord pour développer et consolider le réseau de résistance dans ce secteur (de St Florent à Galeria) car Il s’agit de préparer un débarquement pour libérer la Corse avec l’appui du sous-marin Casabianca. Dès lors, Casale et Barta les informent précisément sur les implantations des troupes italiennes dans tout le nord de l’Ile et sur l’importance de leur réseau en voie de développement. Après avoir été informé du contrôle appuyé à l’entrée de la ville, Casale leur conseille de prendre le car pour retourner sur Bastia et demande à Barta de les accompagner à la gare routière.

L’OVRA alerté par des soupçons d’existence d’un réseau à St Florent

Toutefois après leur départ, Barta, le bras droit de Casale, est arrêté le lendemain de leur venue. Toussaint Griffi et Laurent Preziosi le croisent deux jours plus tard à Bastia, boulevard Paoli devant la Poste encadré par 2 soldats italiens. Il fera mine de ne pas les voir pour ne pas éveiller les soupçons.  Les agents apprennent par la suite que le chef de poste du barrage italien, qui les avait fouillés l’avant vielle à leur entrée à vélo dans St Florent, puis laissés passer, s’était ravisé. Leur signalement avait été donné. Par des indiscrétions, les soldats italiens avaient su que Barta les avait accompagnés au car de St Florent. Lors de leur retour à Ile Rousse avec l’équipe militaire de Jean Nicoli (et deux de ses adjoints, FrançoisCarli, André Giusti) pour rencontrer ceux de Calvi (notamment Dominique Spinosi, Roch Spinosi et Dominique Casanova), ils apprennent que Casale est désormais étroitement surveillé et ne peut se joindre à eux pour une réunion sur la structuration militaire départementale de résistance active. Pour renforcer les précautions, ils retournent à Bastia et se retrouvent dans un lieu sûr de rencontres entre résistants, le restaurant « Le Lavezzi » (face église St Jean-Baptiste) tenu par Michel Sei.

Son arrestation et déportation en Italie

Malgré cela, la surveillance étroite dont fait l’objet Casale qui héberge Barta, permet à l’OVRA de remonter jusqu’à lui. Dénoncé, il sera soupçonné de faire partie d’un réseau à St Florent et incarcéré avec plusieurs autres de ses membres. Il est embarqué pour l’Italie le 10 février 1943 destination l’Ile d’Elbe avec Barta et d’autres résistants de St Florent, comme, Georges Padrona, hôtelier, Toussaint Giorgi, pêcheur, Toussaint Scotto, des résistants de Corte (le capitaine Canavelli, par exemple) et de Bastia, Joseph–Louis de Montera (avec lequel il était en contact), Dominique Simonpaoli, instituteur, Raoul Catta, transporteur, ceci pour être déporté et interné dans un camp de prisonniers politiques. La lettre de protestation du préfet Balley le 10 février 1943 au Ministre Secrétaire d’Etat à l’intérieur témoigne de cette arrestation sans motif précis (archives des Bouches du Rhône à Marseille). A partir de ce moment, ils deviennent les oubliés de l’histoire de la résistance corse dont la structuration sur l’ensemble de l’Ile s’effectue à partir de mars 1943 sous l’égide du Front National.

Son retour en Corse

Il semble qu’il soit revenu d’Italie en juin 1943 puis qu’il ait repris ses activités de résistance en recevant, avec son groupe, en août 1943, les armes amenées à Casta par les résistants chargés de les réceptionner auprès du Casabianca sur la plage de Saleccia (notamment Vincetti, Galetti, Simi, Colonna d’Istria, Benedetti, Agostini). Il participe à la libération de la Corse jusqu’au 4 octobre 1943 en s’investissant parmi les résistants qui ont aidé les tabors marocains à prendre le col de Teghime. Le 7 novembre 1943, Pierre Casale, est élu maire à l’unanimité des voix et à bulletins secrets, ainsi que les deux maires-adjoints, Ange Toussaint Casanova, et Antoine Orsini, après que, le Comité départemental de la libération, ait désigné en salle de mairie de St Florent, les membres du conseil municipal* avec l’accord du préfet. Il restera attaché à sa commune où il y décèdera le 8 juillet 1980.

Décorations connues : Médaille de la résistance par décret du 31/03/1947.

Georges Preziosi

Sources : Première mission en Corse occupée. Toussaint Griffi et Laurent Preziosi. Ed. L’Harmattan / Archives familiales de Monique Preziosi, sa cousine / Marguerite et les Grenouilles. Marie Ferranti. Ed. NRF Gallimard.

Copyright ANACR 2A 2020   |   Administration