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Biographies ORSONI Pierre

8 juin 2020
Pierre Orsoni
Pierre Orsoni

Né le 2 avril 1917 à Ajaccio et décédé le 2 mai 2008 à Bastia

Sa jeunesse

Originaire de Vero, il est issu d’une famille aux convictions politiques de gauche. Bien qu’il reçût les premiers sacrements catholiques, il incline dès l’adolescence vers l’athéisme. Il poursuit des études pour être instituteur comme son père. Diplômé, il prend ses premières fonctions d’enseignant à Lento (région de Corte) en 1939. Il effectue ensuite son service militaire dans un régiment de tirailleurs algériens. Démobilisé, il assiste impuissant à l’occupation du pays en 1940 et à l’occupation de la Corse par les troupes fascistes italiennes le 11 novembre 1942. L’instituteur adhère au parti communiste durant cette période. Il rejoint très vite la Résistance et devient le responsable du Front National à Lento. Il s’illustre dans diverses actions notamment depuis le mois de mars 1943 où la résistance s’est structurée dans la région d’Ajaccio.

L’épisode tragique de la fusillade à la Brasserie Nouvelle

En vue d’une réception d’armes livrées par le sous-marin Casabianca, une réunion des responsables de la branche militaire de la Résistance à laquelle appartient Pierre Orsoni, est prévue le 17 juin 1943 à la Brasserie nouvelle, sur le cours Napoléon à Ajaccio. Avant même que la réunion commence, les Italiens qui  l’ont éventée font irruption dans le bar. S’ensuit une fusillade au cours de laquelle André Giusti et Jules Mondoloni trouveront la mort. Pierre Orsoni en réchappera. Il a fait le récit détaillé de ce qui marquera un tournant dans l’opinion ; c’était la première fois en Corse que des Résistants affrontaient les Italiens les armes à la main.

Transport d’armes livrées par le sous-marin Casabianca en juillet-août 1943

Après cet accrochage meurtrier avec l’occupant fasciste, Pierre Orsoni poursuit néanmoins ses actions de résistance. Il est associé au mois d’août à un important transport d’armes qui ont été livrées fin juillet-début août par le sous-marin Casabianca sur la plage de Saleccia dans les Agriates (Balagne). Il doit les acheminer dans sa région de Lento et en dans le Nebbio. Commencées en février 1943, les livraisons d’armes et munitions se sont intensifiées depuis février 1943. C’est Paul Colonna d’Istria de la mission Pearl Harbour, chargé par le Front National de la coordination militaire, qui supervise les opérations. Après une première livraison à Saleccia, début juillet (13 tonnes), fin juillet c’est une deuxième livraison de 20 tonnes qui est débarquée sur la même plage durant deux nuits consécutives. Les armes doivent être évacuées sur le village de Casta par un sentier unique, mobilisant ainsi énormément de moyens, notamment cinquante mulets pour le transport des armes jusqu’à un premier dépôt, et de nombreux villageois pour se renseigner sur les déplacements de soldats italiens. A partir du dépôt de Casta, Pierre Orsoni effectue le transport d’armes par des sentiers escarpés du dépôt de Calamicorno jusqu’à Lento, en passant par le Nebbio, avec Jean Bagnoli et Louis Vallecalle. Leur mission est menée à son terme comme souhaitée. Mais l’évacuation des armes vers Casta coûtera la vie à Dominique Vincetti : surpris par les Italiens, il tombera les armes à la main ; Charles Galletti qui l’accompagnait pourra leur échapper.

La participation aux combats  en septembre 1943

Depuis la décision d’insurrection du 9 septembre par le Comité départemental du Front National, les combats sont de plus en plus violents. La 90eme Panzer Division venant de Sardaigne prévoit de remonter jusqu’à Bastia. Le 23 septembre 1943, Pierre Orsoni avec Titus Narelli , encadrent les patriotes de Lento et se joignent aux résistants, venus d’autres régions pour les combats de Barchetta et Lento : Pont-Albano, pont ferroviaire au-dessus du Golo. Ils font de nombreux prisonniers allemands de la 90ème Panzer. Le 4 octobre 1943, après les derniers combats de Bastia,   toute la Corse est libérée.

Après la guerre

Pierre Orsoni se marie en septembre 1945 à Tunis. Il aura par la suite deux enfants. Il reprend son métier d’enseignant et devient directeur d’école jusqu’à sa retraite en 1973. Il s’engage dans un militantisme syndical, mutualiste et politique. Il devient membre du bureau de la section départementale du Syndicat National des Instituteurs. Il participe au conseil d’administration de la section de la Mutuelle générale de l’Education Nationale et devient vice-Président de la section de la Haute-Corse. Dans le même temps, il poursuit son engagement au parti communiste en devenant secrétaire de la section de Bastia et entre au Comité de sa Fédération puis en devient le trésorier de 1974 à 1987. En désaccord avec la direction nationale du PCF, il quitte le PCF et adhère au courant rénovateur de Pierre Juquin.

Par ailleurs, il n’oublie pas durant toute cette période tous ses compagnons morts : dès la création de l’ANACR, il en est un des fondateurs en Corse. Jusqu’au début des années 90 il est est le président délégué en Haute Corse, puis son président d’honneur. Il est élu en 1976 au Conseil national de l’ANACR, réélu en 2000 au dernier Congrès de Limoges. Il le restera jusqu’à son décès, le 5 mai 2008 à Bastia à l’âge de 91 ans.

Décoration : Chevalier de la légion d’honneur, croix de guerre 39-45

Georges PREZIOSI. Sources : film et témoignage de Pierre Orsoni, articles de presse et «Tous Bandits d’Honneur». Maurice Choury. Ed. Piazzola 2011

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