Il n’a que 28 ans quand, venu d’Alger, il est mis à terre par le sous-marin Casabianca mais c’est déjà un combattant aguerri : en 1937, il avait rejoint les Brigades Internationales constituées pour essayer de sauver la république espagnole. Son expérience, en fait une recrue de choix pour la première mission en Corse occupée, la mission « Pearl Harbour » ; ce sera le radio de cette petite équipe (4 hommes). Le 11 juin, après avoir transmis 286 massages à Alger, il est arrêté. Il est condamné à mort par le tribunal italien. Il, est exécuté le 18 août.

Né le 13 mai 1914 à Alger (France),  fils de Pauline Didier  (née à Freha  en Kabylie, Algérie)  et Don Jean Griffi, monteur en téléphonie aux PTT, né à Lugo di Nazza (Haute Corse). Enfance à Alger au sein d’une famille de 9 enfants. Ecole à Alger. La famille s‘installe Cité Bobillot
1930. 
Pierre Griffi, à 17 ans, s’engage dans la Marine Nationale et fait ses classes à Alger. Son père meurt en 1933.
1937. S
’engage aux cotés des Républicains espagnols au sein des Brigades Internationales (guerre civile en Espagne)

1940-1942. Actif au sein du réseau anti pétainiste clandestin « Afrique », en Algérie (L’Algérie était sous administration Pétainiste à cette époque). Il participe aux réunions clandestines tenues dans le magasin de matériels radio de Joseph Briatte à Alger. Il est en liaison avec le commandement de Londres, le poste OSS (Service secret US) de Tanger et l’Intelligence Service (Grande Bretagne) de Gibraltar. Le réseau Afrique se mobilisera en appui au débarquement des Alliés en novembre 1942 ; quelques centaines de militants prendront le contrôle du Central Téléphonique d’Alger, du Commissariat, des résidences de l’Etat major…]

Fin nov.1942. L’Algérie passée dans le camp des Alliés. Pierre Griffi est contacté à Alger par les Services spéciaux (Général Ronin), il est intégré au groupe des cinq qui constitueront la future « mission Pearl Harbour »
11 décembre 1942
, embarquement sur le sous-marin Casabianca. 14 décembre 1942, quatre (1) hommes de la mission débarquent en Corse occupée dans la crique de Topiti, au nord de Cargese : le commandant De Saule, chef de mission, Pierre Griffi, le radio, Toussaint Griffi, son cousin et Laurent Preziosi. La « mission Pearl Harbour » est  organisée conjointement par l’Etat major Interallié (EMI – BCRA) et l’OSS (Office of Strategic Services de l’US Army) . C’était la première mission pour la Corse. D’autres missions suivront.

Les premiers jours : de Revinda à Ajaccio en passant par Corte
Pierre Griffi fut hébergé à Revinda chez Dominique Antonini, à Marignana (familles Nesa, Versini, Camilli) à Corte chez Pierre Loerch, à Ajaccio chez Mme Stefanaggi, chez Jacques Tavera…
Fin 1942 
Pierre GRIFFI opère dans la région d’Ajaccio.
Début février 1943
 il est hébergé par François MARIANI dans sa maison située dans la quartier Saint Joseph ; une maison isolée aux portes d’Ajaccio. Les deux missions présentes en Corse (6) (« Pearl Harbour » dirigée par le Commandant De Saule, et « Sea Urchin » dirigée par Fred Scamaroni) demandent et obtiennent des livraisons d’armes. Celles réclamées par « Pearl Harbour » parviennent enfin le 7 février 1943 en baie d’ Arone, au sud de Piana, par le sous-marin Casabianca ; c’est une première livraison d’armes de 450 mitraillettes « Sten » et 60 000 cartouches. Deux hommes du S.I.S. sont débarqués : Michel Bozzi,  et Chopitel,

Entre décembre 1942 et le 11 juin 1943 date de son arrestation, Pierre Griffi aura transmis (de Corte, d’Ajaccio, De Vero…) à l’Etat Major interallié d’Alger 286 précieux messages ayant trait aux positions ennemies, aux effectifs, aux équipements, à logistique terrestre et aérienne, à l’état d’esprit des troupes ennemies occupant la Corse. Huit messages intéressent directement le service « Action » du capitaine Paul Colonna d’Istria pour des parachutages d’armes sur terrains de montagne. Deux messages ont permis aux alliés d’attaquer les transport « Tagliamento » et le « Francia ». Enfin un message permet à la R.A.F. d’intercepter et couler le transport de troupes « Francesco CRISPI » avec 600 soldats italiens à son bord.

Début mars 1943 : Mariani installe Griffi dans sa maison de Véro (Corse du Sud) d’où reprennent les émissions dans la plus totale clandestinité. Le ravitaillement est assuré par la grand-mère qui habite la maison voisine, les liaisons sont assurées à vélo par le jeune Paul ORSONI – de même que le transport et le rechargement des batteries du poste émetteur qui se fait à Ajaccio
5 avril 1943, 
Pierre Griffi devient chef de mission après que le commandant de Saule ait quitté la Corse pour Alger.
En mai 1943 
le village de Véro est investi par une colonne de l’armée italienne. Le poste émetteur a été planqué en toute hâte. Pierre Griffi n’a eu que quelques minutes pour gagner la forêt. Puis, contournant Vero, il gagne à pied la gare de Mezzana (à 18 km). Direction Ajaccio par le train jusqu’en gare de Caldaniccia ou l’attendait François Mariani.

Juin 1943. Les émissions ont repris, Chez Mariani, au chemin Saint Joseph, à AjaccioMais l’étau se resserre. Des véhicules de détection radio goniométrique ont été signalés en ville sans que le groupe Griffi en soit informé. Défaut de coordination entre le service « action » et le service « renseignement » ? Insuffisance de précautions ? Toujours est il que le poste émetteur est localisé le 11 juin 1943 par les ItaliensLa maison du chemin Saint Joseph est cernée par deux compagnies de carabiniers et investie par la troupe. L’OVRA arrête Pierre Griffi, François Mariani, René Conter, Paul Orsoni et d’autres membres du réseau, qui sont conduits à la Caserne des Gardes mobiles (Caserne Battesti aujourd’hui), route du Vittulo. 5 août 1943, transfert à Bastia, Caserne Watrin.

Le Tribunal militaire siège à Bastia du 14 au 16 aout 1943. Il est présidé par un Général et composé de quatre officiers supérieurs. Le Procureur du Roi d’Italie requiert la peine de mort pour Griffi qui a pris sur lui l’essentiel des responsabilités permettant à ses camarades de se disculper. De lourdes peines allant de 15 à 30 ans de prison seront prononcées à l’encontre des 15 co-accusés du procès – pour « spionnaggio militare et favoreggiarmento bellico » (espionnage militaire et incitation à l’insurrection) selon les termes du jugement rendu. Les témoignages de Don Marc SODINI (arrêté en gare de Corte) de François MARIANI et les actes du Tribunal militaire du VIIe corps d’armée nous renseignent sur le déroulement du procès et sur les dernières heures de Pierre GRIFFI. Pierre Griffi a fait si forte impression au Tribunal que le Procureur qui a requis la peine de mort pour Pierre GRIFFI lui rendra hommage : « …nous avons devant nous une belle figure de soldat français. Il a lutté, il a gagné la première manche, à présent qu’il a perdu la seconde il est prêt à payer »

Pierre Griffi est exécuté à Bastia au matin du 18 août 1943 par un peloton de chemises noires.

Charles Mariani

(1) l’américain F. Brown de l’ O.S.S. a été débarqué mais ré-embarqué le lendemain sur le sous-marin

LIENS :

Lesresistances.france3.fr