Nonce Antoine Benielli, dit « Bébé », naît à Paris le 2 novembre 1912. Il est le cadet des trois enfants de Pascal Benielli et Rose Baraglioli, tous deux originaires de Bastelica. Pompier à Paris,Pascal Benielli regagne la Corse une fois à la retraite. A Ajaccio, Nonce Benielli suivra une scolarité exemplaire jusqu’au baccalauréat qu’il obtient brillamment à l’âge de 18 ans.

Il interrompt pourtant ses études et rejoint l’exploitation familiale d’Eccica –Suarella. Très tôt, Nonce Benielli s’engage dans l’action politique. En 1933 il forme, avec entre autre Jean Léandri, à Ajaccio une cellule du Parti Communiste Français rattaché à la région provençale du PC. Au cours de l’année 1935, il fait la rencontre de Jérômine Chavigny, jeune normalienne, major de sa promotion et proche du parti communiste. Leur union est célébrée à Ajaccio, le 22 août 1936. Secrétaire de la sous-région corse du PC, Nonce Benielli est de tous les combats politiques locaux, de toutes les actions contre la menace fasciste qui se précise de jour en jour. Intervenant régulièrement dans la presse régionale communiste, il publie particulièrement dans « Rouge Midi » une enquête sur la situation économique de la Corse, dénonce avec force les honteux accords de Munich signés le 29 septembre 1938, comme les prétentions Mussoliniennes sur l’île, exprimées par la chambre fasciste des députés, à Montecitorio (Rome), le 30 novembre 1938.

Période de la Guerre

Mobilisé en septembre 1939 à l’Ile-Rousse, Nonce Benielli est mis aux arrêts pour avoir diffusé des tracts qui proclament le refus de la défaite. Rendu à la vie civile en juin 1940, l’infatigable organisateur renoue avec la lutte politique. Il est arrêté le 3 mai 1941 à son domicile ajaccien et interné au camp de Saint-Paul d’Eyjeaux. C’est le temps des prisons : Saint-Paul d’Eyjeaux, Saint-Sulpice, Sisteron, puis la section disciplinaire de la prison de Castres d’où il est libéré le 1er mai 1942. De retour en Corse, il va œuvrer à la consolidation du Front National. Dès l’annonce de l’arrivée des troupes d’occupation italienne, le 11 novembre 1942, il entre dans la clandestinité et prend le nom du personnage emblématique de la révolte anti féodale de l’an 1358 et de la « commune de corse » : Sanbucuccio. C’est sous ce seul pseudonyme qu’Etienne Albertini connaîtra, le responsable militaire de la région de Corte ; notamment lorsque, répondant au début de l’année 1943, à la demande de ce dernier et à celle d’Henri Maillot (alias Lorraine), il proposera avec son père, Jacques-Philippe Albertini, le plateau d’Alzo pour un parachutage d’armes qui aura lieu le 20 août 1943. Avec Arthur Giovoni et André Giusti, trois des cinq responsables départementaux du FN se trouveront réunis. Lorsque Fred Scamaroni chef du réseau FFL, voudra rencontrer des responsables du FN il sera confronté à Arthur Giovoni, Jean Nicoli et Nonce Benielli. Ce dernier est parmi les responsables les plus exposés à la traque fasciste ; son épouse a même accueilli à leur domicile le radio Pierre Griffi. Nonce est arrêté en gare de Corte le 27 juin 1943. Son procès à lieu du 14 au 16 août 1943. Il est condamné à 35 ans d’emprisonnement (1). Déporté à Chieti en Italie, il restera détenu jusqu‘en juin 1944. Dans l’île libérée de puis le 4 octobre 1943, Arthur Giovoni est élu, en avril 1945, Maire d’Ajaccio. Nonce Benielli devient premier adjoint de la ville. Son épouse, Jérômine, sera la présidente de l’Union des femmes françaises (UFF) en Corse (9 000 adhérentes, 200 comités à l’automne 1944). En 1948, Nonce Benielli et sa famille quittent la Corse pour Paris. Jérômine Benielli enseignera dans le département de Seine-et-Marne. Nonce apprendra le métier d’ajusteur et après quelques « petits boulots » travaillera à la SNECMA-Billancourt, Il sera élu en 1959 à la tête du Comité Central d’Entreprise. De retour dans l’île en 1972, il retrouve ses activités politiques au sein de la section d’Ajaccio du Parti Communiste Français. Il disparaît brutalement, à l’âge de 62 ans, dans sa demeure d’Eccica-Suarella, le 4 juillet 1975.

(1) Selon son épouse, Jérômine, si Bébé n’a pas été condamné à mort c’est grâce à Cagnioni, le colonel des Chemises noires en Corse qui a plaidé pour un jugement de clémence afin d’éviter des mesures de rétorsion de la Résistance contre l’armée italienne. A l’issue du procès, le Procureur du roi qui avait demandé la peine de mort, et qui donc désapprouve le jugement, quittera aussitôt la Corse. « Une passion corse, Jéromine Benielli ». Annick Peigné-Giuly Plon. 2000. pp.98 et 99.