Le milieu familial, modeste et républicain, est propice à ses engagements ultérieurs Il est un des fondateurs du Parti communiste en Corse auquel il a adhéré en 1935, après son retour en Corse en 1933. Il en deviendra plus tard le premier secrétaire et pendant l’occupation un des dirigeants du Front national.

Il est issu d’une famille de modestes agriculteurs du Cap Corse. Son père est un libre penseur issu d’une lignée familiale très républicaine, anticléricale et franc-maçonne. Raoul est l’aîné des 3 enfants.

Sa jeunesse

Il aide ses parents sur leur exploitation agricole (maraîchage, élevage, production laitière, production de charbon de bois) mais la mobilisation de son père à la déclaration de la 1ère guerre mondiale l’oblige à le remplacer. Dès lors cette situation ne lui permet plus de poursuivre ses études au-delà de son Certificat d’études primaires. Il ne sera pas préparateur en pharmacie comme sa mère l’aurait souhaité.
En juillet 1921, il est embauché dans la marine marchande à Marseille comme de nombreux cap-corsins partis de leurs villages. Il navigue à travers le monde (Extrême Orient, Amérique, Afrique du Nord) sur différents cargos et postes d’équipage (soutier, cambusier).
Son activité de navigateur sera interrompue en novembre 1922 pour répondre à ses obligations militaires, notamment en Allemagne dans la Ruhr durant 7 mois, et aussi pour retourner quelques mois en Corse.
En septembre 1924, il reprend son activité à Marseille et renoue avec son implication dans le militantisme syndical déployé depuis octobre 1922 à la CGTU. Il lutte inlassablement contre les conditions de travail imposées aux marins. En 1929 Il participe à la grève des inscrits maritimes dont il est délégué. A l’issue d’un voyage à bord du « Chambord » il est licencié par la direction de la Compagnie des Messageries Maritimes…
En juillet 1933, ne trouvant plus d’emploi maritime, il retourne en Corse. Il gère une petite société de transport en commun et aussi une coopérative laitière fondée par son père.
En 1935, il adhère au Parti communiste, collabore à Rouge Midi. Désormais responsable politique, il participe en juillet 1937 au Congrès de Corte où se décide la séparation de la Région Corse et celles des Bouches du Rhône

Lors de la seconde guerre mondiale,

il est mobilisé de septembre 1939 à juillet 1940. Etant 1er secrétaire du parti, il fait l’objet de poursuites judiciaires et de perquisitions policières qui l’amènent à entrer dans la clandestinité. Néanmoins lors du débarquement des troupes mussoliniennes le 11 novembre 1942, une dernière réunion se tient à son domicile (10 rue Emile Sari) avec Albert Fontana, Pascal Luchetti, Pierre Giudicelli, Arthur Giovoni, Jean Meria, et le jeune Etienne Leo Micheli. Comme ses camarades, Raoul Benigni rejoindra son secteur de clandestinité : le nord de l’Ile.
Il est présent à la conférence de Porri du parti communiste qui le désigne à la direction régionale avec Pierre Pagès et Léo (Etienne) Micheli.
Son fils Guy dira l’avoir vu que 2 fois durant la période de l’occupation. Toussaint Griffi et Laurent Preziosi confirment cette clandestinité fin décembre 1942 dans leur livre 1ère mission en Corse occupée (p 118).
« Le lendemain a lieu notre départ pour l’Ile Rousse. Nos amis cheminots nous prennent en charge dans le train qui nous emmène vers la Balagne et nous faisons le voyage en compagnie d’un militant communiste, Raoul Benigni ».

Le 19 mars, il fait partie d’un groupe qui réussit à faire évader cinq cheminots, résistants de Corte, qui quelques jours auparavant avaient été emprisonnés à la caserne Battesti d’Ajaccio.
Après sa participation active à la coordination politique puis militaire de la Résistance sur l’ensemble de l’Ile dans le cadre du Front National, il participe notamment à la réunion de la direction du parti communiste du 3 août 1943 en plein maquis dans la grotte de Castel d’Acqua (San Gavini d’Ampugnani).  Avec François Vittori, Arthur Giovoni, Léo Micheli, et Pierre Pagès, ils décideront ensemble  de prévoir le déclenchement de l’insurrection dès la nouvelle de la capitulation italienne connue.
Le 8 septembre 1943 sur le terre-plein de la gare de Bastia, Raoul Benigni est élu avec Jean Perfettini et Léo Micheli à la tête d’un Comité militaire qui comprend 300 hommes armés. Tous ces résistants prendront une part active aux premiers combats qui contribueront à la libération totale de la Corse le 4 octobre 1943.

Après la libération

Le 30 novembre 1943, Raoul Benigni sera confirmé au poste de 1er secrétaire du Parti communiste qu’il occupera jusqu’en 1949. Retiré de ces fonctions pour raison familiale, il restera membre du Comité fédéral jusqu’en 1956. Les évènements de Hongrie en novembre 1956 marqueront définitivement pour lui la cessation de toutes ses activités politiques. Il restera toutefois fidèle à ses idées malgré ses divergences avec le Comité central du Parti Communiste.

Georges PREZIOSI (à partir de l’article dans Terre Corsa du fils de Raoul Benigni, Guy Benigni)