Sa période militaire d’engagement terminée, il retourne au village, à Marignana, près de Piana. Dans cette région débarque en décembre 1943 la première mission clandestine venue d’Alger. D. Antonini se met à leur service. Dans l’armée de l’ombre cette fois.

Depuis sa naissance, il vit avec sa famille, des éleveurs caprins, dans le village de Marignana, près de Piana. Dominique est le frère de Marie-Jeanne Antonini , épouse de Mathieu Nesa.  A 18 ans, Il quitte le village pour faire une carrière militaire et revient après sa période d’engagement terminé. Il assiste, contraint et démuni, à l’occupation fasciste italienne le 11 novembre 1942, soit presque un occupant pour presque trois habitants.

Le premier jour déterminant de son action de Résistance

Cependant, le mois suivant, le 15 décembre 1942 précisément, trois personnes entrent en contact avec lui à Revinda, hameau de Marignana, par l’intermédiaire de l’abbé Mattei qui les a rencontrées, accompagnées par un jeune berger, sur un sentier muletier alors qu’il se rendait au village à dos d’âne. Ils viennent d’Alger et ont été débarqués clandestinement, dans la nuit du 13 au 14 décembre,par le sous-marin Casabianca. Ils ont pour mission d’entrer en contact avec les groupes de résistants déjà créés, et d’en créer au besoin, pour recevoir des armes en vue d’un débarquement allié. Ce sont les premiers agents de la mission Pearl Harbour qui ont leur tout premier contact avec les habitants de l’Ile : le chef de mission, le commandant de Saule, Toussaint Griffi , son cousin-germain Pierre Griffi  et Laurent Preziosi.

Par sécurité, le lieu du débarquement de la mission n’avait pas été fixé au départ d’Alger et ils n’ont comme seul recours que d’entrer en contact avec les premières personnes qui leur semblent contre l’occupant. Dominique Antonini, l’ancien militaire, invite à déjeuner chez lui Toussaint Griffi. Les deux autres agents sont respectivement invités chez le curé et l’institutrice. Par méfiance et formation militaire, Dominique pose de nombreuses questions à son invité. Il apprend qu’il y a un 4ème agent de la mission, le radio Pierre Griffi, qui est resté au bord du rivage avec quelques armes et son poste radio. Il faut aller le chercher.

Ainsi ce 15 décembre 1942, il accepte de se rendre avec eux jusqu’à  l’anse de Topiti pour aider à ce transfert. Dominique Antonini met spontanément à leur disposition trois mulets. Toutefois, comme il n’est pas certain de leur véritable intention, il se munit discrètement de deux pistolets parabellums. A l’arrivée sur la plage, ils apprennent tous que outre Pierre GRiffi, trois personnes supplémentaires doivent être protégées : l’enseigne de vaisseau, Georges Lasserre, et deux sous-mariniers, Pierre Vigot et Jean Lionnais qui n’ont pas pu en définitive regagner le Casabianca à cause d’une tempête soudaine et violente.

La remontée en plein nuit est éprouvante. Au surplus, le groupe, arrivé à Revinda, apprend par de Saule, resté au village, que par une indiscrétion leur présence a été détectée par le commandement italien de Cargèse. Dominique Antonini leur déclare qu’ils doivent continuer sur Marignana où il s’engage à leur trouver des hébergements. La famille de sa sœur, Marie-Jeanne Antonini épouse Nesa, les accueillent avec enthousiasme. Elle s’adjoindra le concours d’une jeune patriote Marie Versini qui deviendra leur agent de liaison.

La coordination politique en vue d’un débarquement militaire

Le 16 décembre un certain nombre de villageois est mis rapidement dans la confidence et participe aussi avec vigueur à la constitution un solide réseau pour les aider. Plusieurs seront par la suite arrêtés ou condamnés par contumace : notamment le receveur des Postes Antoine Camilli, Pascal Versini, Benoît Versini. François Alessandri, Jean Alfonsi

Dominique Antonini, l’ancien militaire, qui connait très bien dans la région les lieux d’implantation des troupes d’occupation, les renseigne sur les différents dispositifs de l’ennemi. Le 17 décembre 1942, son beau-frère, Mathieu, robuste montagnard, et son neveu Charles Nesa, guideront durant plusieurs kilomètres à travers les montagnes, Toussaint Griffi et Laurent Preziosi qui se rendent à Corte afin d’entrer en contact avec les résistants cortenais. Le commandant de Saule et Pierre Griffi ont prévu de rester dans la région de Piana en bénéficiant de la protection de ces villageois.

Sa participation à la première importante livraison d’armes

Le 6 février 1943, Dominique Antonini participe à la première plus grande livraison d’armes en Corse (450 mitraillettes et 65.000 cartouches). Les agents de la mission, les sous mariniers, le réseau ajaccien de Jean Nicoli sont aidés par tous les membres robustes de sa famille. Il fait partie de la quinzaine de personnes, divisée en plusieurs groupes qui convergent sur la plage d’Arone, près de Piana où le sous-marin vient de débarquer hommes, armes et munitions. Cet épisode est désormais représenté par une stèle en amont de la plage. Toutefois à leur arrivée en baie d’Arone, ils trouvent deux nouveaux agents de la mission arrivés la nuit précédente par le sous-marin Casabianca, l’adjudant-chef Michel Bozzi et le radio opérateur Chopitel dit Tintin. Et il y a aussi deux sous mariniers qui n’ont pu rejoindre le sous-marin Casabianca  : Paul Asso et Robert Cardot. Michel Bozzi a pour mission d’opérer dans le secteur d’Ajaccio. Il sera caché dans une maisonnette des environs de Piana et ravitaillé par Charles Nesa et Marie Versini.

La première phase de la mission Pearl Harbour, « le renseignement et la coordination » , est accomplie. Place à la phase « organisation de la lutte armée » qui sera conduite par Paul Colonna d’Istria. Les quatre hommes ont l’ordre de retourner à Alger. Trois d’entre eux, Roger de Saule, Laurent  Preziosi et Toussaint Griffi, seront exfiltrés de Corse en mars et avril 1943. Le quatrième, Pierre Griffi, lui, réussit à négocier auprès des services secrets son rôle de radio du nouveau chargé de mission. Pour ces quatre hommes et pour tous les Résistants, la maison des Antonini est restée régulièrement le lieu de passage. Dominique Antonini continuera à aider la Résistance jusqu’à la libération de la Corse le 4 octobre 1943.

Georges PREZIOSI 
Sources : «1ère mission en 
Georges PREZIOSI Corse occupée» et d’articles dans Corse-Matin)