Responsable de la Résistance dans la région de Calvi (Front national, Pearl Harbor)

Ses parents sont des propriétaires terriens mais tiennent aussi une grande épicerie, l’Epicerie du Centre, place de l’église. Comme son frère Dominique SPINOSI, il est dès son jeune âge, employé dans ce négoce. Sportif accompli, il obtient brillamment différents brevets, (brevet de tireur classé le 26 juillet 1931, brevet de préparation militaire élémentaire et brevet sportif populaire le 21 août1938)

Il effectue son service militaire par devancement de l’appel. Il est affecté, le 16 avril 1932, comme le fut son frère, au Bataillon de chasseurs alpins à Antibes. Il est rendu à la vie civile le 15 avril 1933, avec le grade caporal-chef de réserve à partir du 25 août 1935. Il sera rengagé pour un an à la base aérienne 138 de Metz et retournera dans ses foyers le 15 octobre 1936. Fin 1936, il adhère au parti communiste.

A la déclaration de guerre, le 2 septembre 1939, il est mobilisé et affecté à la compagnie de l’air 128-132 en Corse comme sergent chef, comptable de l’unité. Après la défaite de la France il est démobilisé, le 19 août 1940, et dès lors regagne ses foyers. Il retrouve son activité professionnelle dans l’épicerie familiale qui sera, en ces temps de pénurie alimentaire, source d’approvisionnement de la Résistance et subviendra éventuellementmême aux difficultés des familles. Il se consacre à la société mixte de tir et de sport de Calvi dont il est le secrétaire. A l’arrivée de l’occupant italien, le 11/11/42, il adhère au Front National de l’Indépendance de la France et participe avec son frère Dominique et ses camarades, Antoine Pierre PERETTI, Jean Baptiste FREDENUCCI, Paul ALESI, Grégoire TARQUINY, à la création et à l’activité de groupes de combats du FN en Balagne : distribution de tracts anti pétainistes, anti nazis et anti fascistes.

En janvier 1943, Roch SPINOSI et son frère Dominique prennent contact avec Toussaint GRIFFI et Laurent PREZIOSI, deux des quatre membres de la mission Pearl Harbor venus d’Alger et débarqués clandestinement à la mi-décembre entre Cargèse et Piana. Ils les hébergent pendant une semaine pour leur permettre de repérer les dispositifs de défense de Calvi et ses environs (canons, mitrailleuses, cantonnements, nombre de soldats, points de contrôle, stocks de munitions), Roch les fera travailler avec lui, aux champs, pour ne pas éveiller les soupçons de l’occupant. Ils participent aussi au recrutement de nouveaux résistants. De cette rencontre naîtra le réseau Perdrix, rattaché à Pearl Harbor.

Plus tard dans le mois, il se rend à Ile Rousse avec son frère Dominique, Michel FREDENUCCI, LE BRAS et CASANOVA, à une réunion à l’hôtel Napoléon Bonaparte pour faire le point sur le développement des réseaux et des informations. Ils ont rendez-vous avec Toussaint GRIFFI et Laurent PREZIOSI revenus d’Ajaccio accompagnés Jean NICOLI, François CARLI et André GIUSTI. Ils rencontrent aussi les Résistants d’Ile Rousse et de Saint Florent, parmi lesquels, le responsable Pierre CASALE. Dénoncés, mais prévenus à temps, Roch SPINOSI, avec son frère Dominique et le groupe de Calvi, prennent le maquis le 24 janvier 1943 jusqu’à la libération de l’île, en septembre 1943. Ils se replieront sur le Marsolinu au lieu dit «Erbaghju », lieu d’origine de leur père Pascal SPINOSI. Les bergers d’Amago, de Prizzuna et de la vallée du Manso, et leur famille leur offriront gîte et couvert durant toute leur séjour au maquis. Ils organisent à partir de là les contacts et repérages de terrains de parachutage au pied du Capo di a Vegno et Marsolino qui avaient été signalés à Alger par les émissaires d’Alger.

Après la libération de la Corse, Roch Spinosi est engagé à nouveau sous les drapeaux pour la subdivision territoriale d’Alger le 21 novembre 1943, pour réintégrer l’armée de l’air, et suivre une formation de personnel navigant à Maison-Carrée et Blida,

Jusqu’à la fin mars 1944, il reprend l’entrainement et l’encadrement des recrues qui viennent des villages environnants la caserne. Le 29 mars, il part pour l’Italie à Naples, puis la France le 13 août où les violents combats victorieux lui vaudront la croix de guerre avec étoile de bronze pour avoir obtenu une reddition sans conditions des Allemands. Il remonte ainsi jusque dans les Vosges.

Après sa démobilisation, le 15 juillet 1945, il sera élevé au grade d’adjudant dans le corps du personnel non navigant du service général de l’armée de l’air puis adjudant chef de réserve le 01/07/54. Il retrouve son activité professionnelle dans l’épicerie de sa famille et aussi ses diverses activités politiques et associatives (Parents d’élèves et Syndicat d’initiative de Calvi). Avec son frère, ils transforment l’épicerie en restaurant, « Chez Dumé », sur la place de l’église.

Le 4 septembre 1993 il est nommé Chevalier de l’Ordre National du Mérite, par le Président de la République François MITERRAND qui le décore le vendredi 10 septembre 1993 à Ajaccio pour le cinquantenaire de la libération de la Corse, en tant que membre actif des anciens des Services Spéciaux de la Défense Nationale. Il décède à Calvi le 23 janvier 2003.

Pascale  VARENNES-SPINOSI