Ce jeune instituteur n’a que 27 ans en 1943. Dans sa région d’origine, le sud de la Corse, qui est aussi celle où il exerce, il devient un des chefs de la Résistance. Il participe à la préparation de l’insurrection et à la lutte de libération. La Corse libérée, il s’engage avec l’Armée d’Italie, dans le 8ème régiment de Tirailleurs marocains. Il meurt au combat en 1944.

Né en août 1916 (le jour n’est pas sûr) à Piaccunituli, un hameau de Zonza, il est le fils d’un combattant de la guerre 1914-1918, grand blessé de guerre qui décède, laissant son épouse veuve avec trois enfants.

Pupille de la nation, Joseph commence sa scolarité à l’Ecole Primaire Supérieure Clémenceau de Sartène, devenue Lycée Clémenceau. Admis à l’Ecole Normale d’Instituteurs d’Ajaccio en 1934, il en sort en 1937. Après qu’il ait fait son service militaire comme officier de réserve, il est nommé instituteur et enseigne à l’école primaire de San Gavino di Carbini. Mobilisé en 1939, à la déclaration de guerre, il est affecté à l’Armée des Alpes avec le grade de lieutenant. Il combat les Italiens en mai et juin 1940 mais est démobilisé après la défaite de la France. Il rejoint Porto-Vecchio où il enseigne l’histoire et la géographie. Très vite il manifeste son hostilité à l’occupant et entre en contact avec la Résistance, plus précisément dans la mouvance de gauche ; peut-être communiste (Avec Fabrice Pietri).

A l’arrivée des Italiens en Corse, en novembre 1942, la Résistance s’organise. Joseph Pietri en fait partie. Les Italiens qui ont eu vent de son engagement envoient des policiers pour l’arrêter dans son logement du groupe scolaire (Devenu groupe scolaire Joseph Pietri). Il réussit à leur fausser compagnie en s’enfuyant par une fenêtre et gagne le maquis. Membre du Front National, il participe à toutes ses activités. Il en devient le responsable de la région de Porto-Vecchio, l’Ospedale et San Gavino di Carbini.

Avec son groupe (auquel appartient Paul Andrietti), il participe à la réception de parachutages à Palavese, aux transports et aux distributions d’armes et munitions. Il organise le harcèlement de l’occupant dans la région de l’Ospedale. de sérieux accrochages ont lieu le 21 août à Palavese et le 1er septembre sur la route de Porto-Vecchio à l’Ospedale.

Dès le 10 septembre, le lendemain de l’ordre d’insurrection lancé par le Front National, Joseph Pietri, Bastien Terrazoni et leur groupe (une trentaine d’hommes) tentent d’empêcher les Allemands de tenir le col de l’Ospedale. La bataille dure plusieurs jours, jusqu’à ce que l’occupant renonce, le 17 septembre, non sans avoir menacé de raser le village. C’est Joseph Pietri qui le 14 septembre se présente à un colonel allemand qui par l’intercession du Maire de Porto-Vecchio,Camille de Rocca Serra, a demandé une rencontre avec les Résistants. Le colonel menace de raser le village de l’Ospédale si la Résistance ne cesse pas les combats. Joseph Pietri accepte de faire une suspension des armes en attendant la réponse de ses supérieurs. Celle-ci arrive le 18 septembre : « (…) Si vous rasez l’Ospedale, nous exécuterons tous les prisonniers allemands sans préjudice d’autres représailles impitoyables (…) ».

Le patriotes continuent à se battre, seuls face à l’occupant jusqu’à l’arrivée, le 19 septembre, des troupes du « bataillon de choc ». Par la suite, dans la région de Porto-Vecchio, Joseph Pietri continuera le harcèlement des convois allemands qui se rendent de Bonifacio à Bastia.

Après l’évacuation de la Corse par les Allemands, il participe quelque temps à l’action politique. Il est proposé pour diverses fonctions auprès des autorités détenant le pouvoir à Ajaccio mais le climat politicien ne lui agrée guère ; il préfère continuer la lutte de libération sur le continent. Il est enrôlé dans l’Armée d’Italie, en qualité de chef de section. Il meurt au combat en Italie, le 13 mai 1944.

Andrée Quilichini Stromboni