Michel, Auguste,Adolphe Landry naît à Ajaccio, le 29 septembre 1874 Après des études brillantes qui le conduisent à l’ Ecole normale supérieure et à l’agrégation de philosophie, il est nommé directeur d’ études à l’Ecole nationale des hautes études. Candidat malheureux aux législatives de 1906 à Calvi, mais élu en 1910, il entame une carrière politique qui n’a été interrompue que par l’installation du régime de Vichy en 1940. Il est considéré, avant la Deuxième Guerre, comme le chef de « clan » de la gauche non communiste en Corse.

Il est considéré, avant la Deuxième Guerre, comme le chef de « clan » de la gauche non communiste en Corse. Parlementaire, ministre, Landry manifeste des qualités éminentes et est très représentatif de l’excellence des parlementaires corses sous la III° République. Il joue un rôle national en plusieurs domaines. Il est député, représentant du Parti républicain démocratique corse, souvent aux côtés de l’avocat maître de Moro-Giafferi. Il travaille après son élection de mai 1924 dans la commission « chargée d’examiner les projets ou propositions relatifs à la mise en valeur du département de la Corse Il est l’auteur de deux études publiées en 1934, La révolution démographique, et en 1935, Traité de démographie. Il va jouer un grand rôle dans l’évolution de la législation française sur la famille. Il a déjà, avant la Première Guerre mondiale, fondé au Parlement un « groupe de défense des familles nombreuses », et il a été l’un des défenseurs de la loi d’assistance aux familles nombreuses de 1913. Après la guerre, il se trouve naturellement au centre des débats qui précèdent l’instauration du système des Assurances sociales. En 1928, il est rapporteur de la commission des Finances pour les projets de loi sur les retraites ouvrières et paysannes et les Assurances sociales. En 1930, il participe à l’élaboration et à la défense de la loi instaurant un système obligatoire d’Assurances sociales pour les salariés. Il devient le ministre de tutelle de ce nouveau système en intégrant le premier, puis le deuxième cabinet Laval en 1931 et 1932 comme ministre du Travail et de la Prévoyance sociale,u’il soutient la loi sur les allocations familiales des salariés du Commerce et de l’Industrie et le projet d’extension aux salariés agricoles, voté en 1937. Aux élections de 1932, il est battu à Ajaccio par Horace de Carbuccia, le directeur de Gringoire, hebdomadaire à grand tirage, violemment opposé au Cartel des Gauches puis au Front populaire. En 1936, Horace de Carbuccia s’est effacé en faveur de Jean Chiappe qui est déclaré vainqueur devant Landry aux Législatives de 1936, mais invalidé le 2 juillet. Aussi Landry peut-il retrouver finalement son siège de député le 30 août 1936..

Pendant la guerre

Quand la guerre, puis la défaite, amènentt le gouvernement à Bordeaux, Landry est présent. Mais il ne suit pas l’exemple de César Campinchi et ne s’embarque pas sur le Massilia. Sans doute présent aussi à Vichy, ce radical ne s’oppose pas, le 10 juillet, au vote des pleins pouvoirs comme le fait le sénateur Paul Giacobbi. Il demande la modification du procès-verbal qui le disait absent au scrutin, et fait porter la mention de son « abstention volontaire ». Ce retrait de la vie publique caractérise son attitude pendant les quatre années suivantes, malgré sa discrète sympathie à l’égard de la Résistance. A partir de 1945, il retrouve le terrain politique, mais n’y joue plus le rôle éminent qui avait été le sien avant la guerre. Il obtient son premier succès aux cantonales de 1945 où il est élu à Calvi tandis que sa fille, Hélène, veuve de César Campinchi, l’est à Sari d’Orcino. Il retrouve Paul Giacobbi, désigné à la présidence du conseil général et tous deux sont élus aux élections générales de 1945, au scrutin de liste départemental à la proportionnelle, sur la liste radicale-socialiste . Les radicaux se trouvent sur un terrain plus difficile qu’avant la guerre et Landry est battu en 1946, mais il a une compensation le 8 décembre en obtenant le seul siège en jeu pour le Conseil de la République : il l’emporte sur son adversaire communiste, le résistant François Vittori. Ses derniers succès électoraux lui sont accordés en 1947 : aux municipales à Calvi, et aux sénatoriales. Donc il conserve dans l’opinion corse un important capital de confiance malgré son effacement dans les années de guerre. Mais sa dernière candidature, à près de 77 ans, aux législatives de 1951, sur la liste radicale-socialiste, est un échec. Les radicaux ont sous-estimé la vigueur du courant gaulliste, et Paul Giacobbi est mort deux mois avant ; c’est le maire bonapartiste d’Ajaccio, Antoine Serafini, qui est élu sous l’étiquette du RPF En 1949, Adolphe Landry soumet au Sénat une motion rendant hommage au général Marshall, à qui la France et l’Europe doivent le plan éponyme de redressement économique. A partir de 1952, Adolphe Landry, usé par une santé précaire, n’intervient plus dans les débats. Aux élections du 19 juin 1955, Adolphe Landry renonce à se représenter. Il meurt le 30 août 1956 à Paris à l’âge de 82 ans. Adolphe Landry était officier de la Légion d’honneur.

(Extrait du CD-Rom « La Résistance en Corse » Hélène Chaubin)