Adjudant-chef FFI. Militaire à la retraite, il contribue à la création du réseau « Combat » en Corse. Au débarquement de l’occupant, en liaison avec « Pearl Harbour », il organise le transport de matériel et d’armes parachutées dans la région grâce au service de cars de son père.

Avec ses sept frères et sœurs, il suit ses parents en différents lieux du territoire français au gré des affectations de son père, gendarme, prénommé Antoine-Marie. Il fut, ainsi dès l’âge de 13 ans, enfant de troupe. A la retraite, son père créa une entreprise de transport «Les Cars Grisoni» qui effectuait la liaison Calacuccia-Corte.

De 1908 à 1923, Antoine fit son service militaire puis plusieurs campagnes militaires au Maroc et en Algérie. Son livret militaire, signé de son général, atteste de «sa bravoure et de son sang froid en toute occasion». En 1923, Il devient sous-officier à la retraite. De retour en Corse, il se marie avec Stella Maria née Luciani le 21/09/29 à Piedicorti di Caggio. Naîtront de leur union trois enfants (Antoine–Marie né le 20/07/30 et décédé le 17/07/1996, Don Grâce, appelé Dédé, né le 14/03/33, Marie-Antoinette Erminie née le 20/03/34).

En 1940, il n’accepte pas l’armistice signé par Pétain avec l’occupant nazi. Il contribue à la création du groupe «Combat» en Corse. Il devient chef du 7ème groupe « Combat » qu’il a constitué intégralement. Les résistants se réunissaient déjà chez lui, 15 cours Paoli, (1er étage, porte droite) avant l’arrivée des troupes fascistes italiennes. L’occupation de la Corse le 11 novembre 1942 par les 80.000 soldats italiens de Mussolini en réaction au débarquement des Alliés en Afrique du Nord, le décide à reprendre les armes après sa carrière militaire.

En décembre 1942, il est responsable du transport des postes radio de Pierre Griffi*, dit Denis, qui est installé avec le commandant De Saule dit «Fournier» chez la famille Loersch. Plus tard, il continue de transporter du matériel, armes et munitions qu’il récupère sur les terrains de parachutage de Calacuccia dans le Niolo. Il profite des transports «Grisoni » de son père pour regagner Corte en passant par Castirla, le pont de Francardo, ceci en traversant de nombreux barrages italiens.  Se sentant surveillé à cause de ses déplacements trop fréquents, il remet les poste-émetteurs à Gloria Vallecalle au 8 cours Paoli qui les remettra plus tard à la famille Loersch.

Quelques jours auparavant, Toussaint Griffi et Laurent Preziosi, les deux autres agents de la mission « Pearl Harbour », débarqués mi-décembre 1942, les avaient précédés  à Corte pour établir les premiers contacts avec les résistants locaux, en vue de créer un réseau de coordination avec les autorités d’Alger et le sous-marin « Casabianca ». Xavier Grazietti, commerçant, puis Antoine Campana, syndicaliste cheminot, sont les premiers contactés par T. Griffi et G. Preziosi.

Pascal Valentini devint responsable ce réseau pour l’arrondissement de Corte. Celui-ci s’entoure notamment de Jeanne Albertini, pour diffuser les informations, Jean Albertini dit « Ferro », maréchal-ferrant dont la forge servait de «boîte à lettres», de la famille Loersch pour l’hébergement et Antoine Grisoni pour organiser les réunions en vue des actions.

Antoine Grisoni est aussi agent de liaison pour les divers terrains de parachutage (Alouette, Aigle, Condor, Perroquet). Il prévenait les responsables communaux dès qu’un parachutage était signalé par les autorités d’Alger. Il mettait à profit cette responsabilité de coordination pour recruter des personnes prêtes à résister. Par exemple son neveu par alliance, Raymond Lenziani dit «Tarzan» qui devint par la suite responsable du canton du Niolu. Antoine Grisoni réunira de très nombreuses fois le 7ème groupe Combat chez lui, 15 cours Paoli, côté cour où son épouse le secondera à chaque fois. A son palier vivait une dame célibataire qui leur servira sans le savoir de couverture -le voisinage était persuadé qu’elle recevait régulièrement des amants la nuit.

Lorsque le capitaine Canavelli dit « Canon 635 » est arrêté, et que Pascal Valentini, responsable du réseau cortenais « Pearl Harbour », est traqué par l’OVRA, il n’hésite pas à cacher chez lui tous les documents compromettants de la résistance : cartes d’état-major avec inscription des terrains de parachutages, plan d’attaque des points stratégiques de Corte et de la vallée du Tavignano, fiche d’immatriculation de tous les patriotes de l’arrondissement de Corte (groupes militaires et civils), soit 454 fiches.

Du fait de ses responsabilités dans la Résistance, il obtint dans la clandestinité le grade d’officier (adjudant-chef FFI). Le 9 septembre 1943, il prend une part active dans la répartition des armes dans les secteurs de Vezzani, Ponte-Nuovo, Corsigliese. Ces états de service ont été attestés par Pascal Valentini et le capitaine Canavelli le 5 juillet 1946. Ils ont aussi été confirmés par le Commandant Rochart, responsable militaire FFI de l’arrondissement de Corté, confirmé aussi par Jean Poggi dit « Rusio », responsable de l’organisation d’arrondissement du Front National.

Il avait été décoré avant la 2ème guerre mondiale de la médaille militaire en 1928 et fut décoré de la croix du Combattant volontaire en juin 1959, quelques mois avant sa disparition. Lors de ses obsèques le 1er janvier 1960 à Calacuccia, ses compagnons de lutte notamment Pascal Valentini, Philippe Silvani, Alphonse et Joseph Casanova, précédaient son cercueil suivi par une nombreuse foule. Quelques années plus tard son corps sera transféré au cimetière de Corte.

Georges Preziosi. Informations recueillies auprès de Don-Grâce (Dédé) Grisoni, le fils de Antoine-Baptiste.

*Pierre Griffi est arrivé à Corte après les autres agents de la première mission Pearl Harbour pour éviter d’être arrêté avec son matériel radio. Il avait fait une halte à un hôtel de Calacuccia en empruntant les cars Grisoni