Né à Bastia le 9 septembre 1921, neuvième enfant d’une famille qui en comptait. Son père était marin pêcheur à Bastia, sa mère sans profession. Jean-Baptiste que tous nomment « Batti », obtient le certificat d’études primaires et, en 1934, devient télégraphiste à la poste de Bastia. Licencié en octobre 1939 après la dissolution des organisations communistes, il participe à l’activité artisanale de son père et, à partir de 1940, il se consacre entièrement au métier de la pêche.

Le 24 janvier 1944, il épouse Marie Giusti, née le 22 décembre 1922. Ils auront 5 enfants. C’est en 1952 qu’il entame une nouvelle activité professionnelle comme navigateur dans la Marine marchande. En 1960 la compagnie Chambon, de Marseille, lui confie la commande des remorqueurs. Il poursuit cette activité jusqu’à sa retraite en 1976 à 55 ans.
Les motivations de « Batti » ne lui viennent pas de sa famille. Mais il grandit dans un quartier très populaire qui est celui du vieux port de Bastia, et  c’est dès 1936 qu’il entre aux Jeunesses communistes. Il est secrétaire de la section de Bastia jusqu ‘en 1939 et secrétaire du Cercle Paul Vaillant Couturier. En 1939, il fait partie de la délégation corse au 10ème Congrès national des Jeunesses communistes.  Elle porte  un drapeau bi-face avec la tête de Maure, qui a été confectionné par un communiste de Bastia, Albert Stefanini (ouvrier tailleur qui fait également partie de la délégation et qui sera l’année suivante interné à la forteresse de Calvi. Cette délégation compte 11 personnes qui s’illustrent par la suite dans la Résistance comme Etienne Micheli dit « Léo ». Elle est conduite par Jean-Baptiste Angeli responsable régional des Jeunesses communistes. Danielle Casanova qui le reçoit, lui demande de s’exprimer « in lingua materna »

Pendant la guerre

En 1940, Jean-Baptiste Fusella fait partie, dans la clandestinité, du premier triangle des Jeunes communistes en corse, ses convictions communistes le préparent à la Résistance. Dès juillet 1940, les premiers tracts sont tirés dans un magasin à filets du Vieux-Port sur la machine à écrire du syndicat du Bâtiment. Sur la jetée du port de Bastia, de jeunes Bastiais inscrivent en gros caractères : « A bas Pétain, à bas Vichy, Pétain = Bazaine » Jusqu’à la libération, des tracts seront distribués dans les boîtes aux lettres, jetés aux spectateurs des cinémas, des stades ou aux passants sur le boulevard Paoli. Un élément essentiel est la rencontre en janvier 1941 avec Pierre Georges (« Fabien ») qui arrive à Bastia par le « Général Bonaparte » et prend contact avec les jeunes communistes. Il les réunit près de Bastia, à Pietranera dans la maison des Fusella. Il restera jusqu’au 6 février. Lui-même n’a alors que 21 ans. Il est revenu d’Espagne en mars 1938 grièvement blessé en combattant dans les Brigades internationales. Son prestige est grand. Par ses conseils il stimule les jeunes communistes : il les amène à mettre en place la direction clandestine régionale de la jeunesse communiste résistante en Corse dont Jean-Baptiste Fusella fait partie : « Fabien nous incitait à puiser dans l’histoire de notre île, pour faciliter le rassemblement des patriotes corse contre le fascisme italien et ses prétentions ». Il les incite à créer des comités populaires pour la défense des conditions de vie et à élargir ainsi le front résistant qu’il nomme encore « le Front des Français » et qui deviendra, en mai, le Front national. Il leur apprend les pratiques des clandestins, l’utilisation du pochoir, les moyens de se procurer des noyaux techniques, c’est-à-dire des moyens de reproduction. Dès février, grâce à l’aide des cheminots, ils rapportent d’Ajaccio une Gestener. Fabien préconise de laisser un bon à valoir pour les matériels empruntés. Ce qu’ils feront, par exemple en décembre1942, alors que les occupants italiens viennent d’arriver, pour 2006. une ronéo, du papier, des stencils, pris à l’école Mattéi de commerce et d’industrie de Bastia. Le matériel sera caché dans une barque puis chez les Fusella au Vieux Port. Le 28 avril, Fusella est arrêté et incarcéré à la prison Ste Claire. Libéré au bout de trois mois, il est envoyé en octobre au camp de jeunesse de Matifou en Algérie. A son retour la direction, clandestine du Parti communiste corse lui donne la responsabilité de l’organisation en Casinca. Il s’y rend avec Léo Micheli. Le recrutement s’étend peu à peu à toutes les régions de Corse. Fusella est recherché par les Italiens. En 1943, le Front national corse se prépare à la lutte pour la Libération : des armes arrivent d’Alger par sous-marins ou parachutages. Fusella est chargé de diffuser dans l’île des tracts appelant à prendre les armes contre les occupants. Il n’est pas arrêté, mais le Tribunal militaire italien le condamne par contumace, le 19 juin 1943, à 10 ans de réclusion. Il se cache dans le maquis du sud de l’île. Il est à Ajaccio le 9 septembre parmi ceux qui pénètrent à la préfecture et y installent le comité de Libération. Les Corses sont mobilisés à partir de novembre 1943 : Fusella est incorporé dans la Marine, dans la 8ème escadrille de vedettes. Il participe en juin 1944 au débarquement sur l’île d’Elbe et en août à celui de St-Tropez. Son unité est chargée de la chasse aux sous-marins. Démobilisé au bout de 30 mois, il revient à Bastia. Il entre au Conseil Municipal en 1946. Depuis 1990, il était responsable de l’ANACR de Haute-Corse et présidait l’association départementale des Amis de la Résistance qu’il avait fondé. Il s’est éteint le 18 juillet 2006.