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BiographiesEvénements CINQUINI Paul

5 décembre 2023
Paul Cinquini
Paul Cinquini. Paulellu

Né à Zonza (Corse-du-Sud), le 26 octobre 1902. Décédé à Solenzara le 16 septembre 2002.

Paul Cinquini est né le 26 octobre 1902 à Zonza le village de ses parents, Cinquini Angelin et Muzy Marie. La famille quitte Zonza lorsque son père doit exercer les fonctions de métayer à la ferme de Tuvisà (Solaro, Haute Corse), propriété de la famille de Dominique Poli. Il s’installe plus tard à Canella (7 km au sud de Solenzara) jusqu’après la guerre vers 1950 puis réside ensuite à Solenzara. Il est un modeste ouvrier. Toute sa vie, en homme simple et humble, il est d’une grande discrétion sur les événements auxquels il a participé. Il est connu dans toute sa région sous son prénom corse Paulu mais surtout sous son pseudonyme Paulellu en référence à sa petite taille. Beaucoup de gens dans son village de Solenzara, même parmi les plus anciens, savent peu ce que furent ses engagements pendant la résistance.

S’ENGAGER.

La Corse occupée, les frères Cinquini, François et Paul, « entrent en Résistance » avec Dominique Poli, avec qui ils entretiennent une grande relation de proximité. Sa ferme de Tuvisà à l’embouchure du Travo est un haut lieu de la Résistance. Dominique Poli, maire de Sari de Porto-Vecchio (aujourd’hui Sari-Solenzara), est membre du Comité départemental du Front national et responsable FN de la région1Homologué commandant FFI après la Libération de la France.
Paul Cinquini exerce ses activités de résistant essentiellement dans les régions de Canella, Solenzara et Solaro. Son « Casellu » qui domine l’anse de Canella sert de poste de guet et de planque éventuelles pour les armes avant leur transport à dos de mulets ou leur expédition par le train. Après sa participation au transbordement (hommes armes et munitions) du Casabianca, il participe à ceux des sous-marins anglais : Hms Trident, le 6 avril 1943 et Sybil, le 16 juin 1943) à Travo et Solaro.

AVEC LE SOUS-MARIN CASABIANCA, UNE SI LONGUE ATTENTE.
Pont de Canella. U casellu di Paulellu
Le pont de Canella détruit lors des combats de la libération. U casellu, la maisonnette de Paul Cinquini, lieu de refuge et de transit.

Un des actes majeurs au sein de la résistance de la région a été sa participation au 3ème débarquement du sous-marin Casabianca en Corse, à Canella.
Le groupe de renseignements du commandant de Saule, chef de la mission Pearl Harbour (déc.1942 à avril 1943), et les patriotes corses arrêtent le choix de l’anse de Canella pour un débarquement d’agents, d’armes et l’embarquement de sept hommes : deux agents de Pearl Harbour « grillés » et cinq marins du Casabianca involontairement restés à terre lors des « touchers » précédents. En effet, les sous-mariniers qui avaient participé aux débarquements de Topiti (mi-décembre 1942) et Arona (début février 1943) n’avaient pas pu rejoindre le Casabianca une fois leur mission accomplie. Les deux agents, Laurent Preziosi et Toussaint Griffi, eux, activement recherchés par l’ennemi avaient reçu l’ordre de rejoindre Alger.

L’anse de Canella est appelée point Y. L’arrivée de la mission est prévue dans la nuit du 7 au 8 mars. Elle est planifiée après une mission en Provence, près de la Roche Escudelier appelé point X.  Le Casabianca doit s’y présenter dans la nuit du 4 au 5 mars et les deux nuits suivantes au besoin. Malgré quelques tentatives, à cause de la tempête le Casabianca renonce à poursuivre l’opération au point X. Il se dirige alors, avec retard, vers la mission suivante au point Y, l’anse de Canella.

La coordination sur place est assurée par le commandant de Saule et les résistants, Jean Nicoli, André Giusti, François Carli et Pierre Griffi.  Elle est réalisée avec la participation du résistant solenzarais Paul Cinquini qui à l’aide d’une barque assure la navette avec le sous-marin.  Après l’échec de la mission sur la côte française, le mauvais temps persiste sur le trajet vers la Corse et amplifie le retard. Les patriotes patienteront dans un hôtel à Solenzara dans la journée, et au casellu (maisonnette) les soirs d’attente à guetter l’arrivée du Casabianca.

ENFIN LÀ.

Avec 3 jours de retard, le sous-marin Casabianca, aux ordres du commandant L’Herminier, se présente au large de la côte orientale dans l’après-midi du 10 mars 1943. Il a des difficultés à repérer l’anse de Canella et ce sera grâce au panache de fumée lors du passage du train venant de Porto Vecchio, que le sous-marin pourra enfin situer le viaduc à trois piles de Canella. Il refait surface à 21H50 dans l’anse de Canella. La mauvaise mer ne permet pas l’accostage. Les patriotes à terre, signalent avec une lampe torche un nouveau point de rendez-vous immédiatement au sud de l’anse de Canella, la pointe de l’anse de Favone.

A 23H20, la barque de Paul Cinquini accoste le Casabianca. Il y a amené les cinq sous-mariniers restés en Corse lors d’opérations antérieures, Georges Lasserre, Jean Lionnais, Pierre Vigot, Paul Asso, Robert Cardot2Au cours d’un été des années 1970, il a la joie de recevoir la visite de Robert Cardot avec lequel il retourne à Canella sur les lieux qu’ils avaient foulés en ce mois de mars 1943., ainsi que deux agents activement recherchés par l’occupant : Laurent Preziosi et Toussaint Griffi. Pour son retour à terre, des armes et des munitions sont transférées sur l’embarcation3Paul Cinquini s’est inquiété d’un trop lourd chargement de sa barque auprès des sous-mariniers et les a convaincus de cesser de « charger la barque » qui risquait de chavirer. Deux agents des organisations de combat descendent sur la barque : le radio Joseph Jean Luigi pseudonyme « Pierre » et de Jean Etienne Lefèvre pseudonyme « Paul ». Sur la barque de Paul Cinquini, ils atteignent les rochers de la pointe de l’anse de Favona. Les armes et les munitions sont déchargées avec l’aide des résistants à terre puis le groupe rejoint « U Casellu ».

… ET APRÈS, DES FORTUNES DIVERSES.
Paul Cinquini décoré de la Croix de guerre.
La croix de guerre avec étoile de bronze est remise à Paul Cinquini, des mains du Général de Gaulle à la Libération.

Ils rallieront plus tard la ferme de « Tuvisà » propriété du commandant FFI Dominique POLI en attendant de rejoindre leur destination : Jean Etienne Lefèvre se rend dans la région de Pianellu pour sa mission d’instructeur de la résistance en Corse4La mission Pearl Harbour se déroule en deux phases. 1/ renseigner les Alliés sur l’état des forces en présence sur l’île (mission de Saule) et 2/ armer les Résistance pour aider les Alliés à un débarquement. En définitive, les armes serviront à une insurrection. Il met aussi en place un réseau de résistants. Muni d’un poste radio, il organise plusieurs parachutages ; Joseph Jean Luigi, pris en charge par le commandant de Saule, se rend à Casalabriva. Il est arrêté le 19 juin, jugé le 28 août et fusillé par l’occupant italien à Bastia le 30 août 1943.

L’occupant opère un coup de filet parmi les membres du réseau de Solenzara. Les artisans de l’expédition par le train vers Bastia des armes débarquées du Casabianca sont arrêtés, jugés et condamnés : 20 ans de réclusion pour Robert Andréani et François Cinquini ; 15 ans de réclusion pour Raymond Baccellini et Charles et Augustin Bassi ; Charles Soletti et Simon Bianchi sont relaxés faute de preuves. Dominique Poli et Paul Cinquini, prévenus à temps, parviennent à échapper à la rafle.

Ange Cinquini, fils de Paul Cinquini. Collaboration Antoine Poletti.

LIENS :

Contacts des sous-marins. déc. 42 -sept.43 – ANACR 2A (resistance-corse.asso.fr)

Pearl Harbour. Les missions du Casabianca – ANACR 2A (resistance-corse.asso.fr)

A la réception du Casabianca – ANACR 2A (resistance-corse.asso.fr)

SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES.

CASABIANCA. Commandant L’Heminier. Ed. France-Empire.

PREMIÈRE MISSION EN FRANCE OCCUPÉE. Toussaint Griffi et Laurent Preziosi. Ed. L’Harmattan 1988.

OPEN EDITION Books https://books.openedition.org/pur/130182?lang=fr Parag. 37 Chapitre III. La fin de l’occupation (26 juillet-12 septembre 1943)

FLOTILLES SECRÈTES. Les liaisons clandestines en France et en Afrique du Nord. Sir Brooks Richards. Ed. MDV.

SOURCES ICONOGRAPHIQUES.

Archives familiales et USS CORSICA. Dominique Taddei. Ed. Albiana

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