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Pages d'histoire La bataille de Champlan

7 octobre 2020
La stèle de Champlan
En souvenir des combats de Champlan

Le secteur compris entre le Golo et Cervione est placé sous l’autorité d’un Comité militaire (1) en rapport direct avec le capitaine Innocenzi, responsable militaire d’arrondissement. Les responsables militaires cantonaux de tout le secteur sont convoqués à Porri (2). La manœuvre est ainsi définie : s’emparer des dépôts allemands et atteindre Folelli pour couvrir Bastia.
Dans l’après-midi du 9, les hommes de la Porta et de Ficaja, armés de fusils mitrailleurs 24/29 (récupérés le 11 novembre lors de la dissolution du 173e B.A.C.) et de mitraillettes parachutées, se dirigent vers Champlan au chant de la Marseillaise. Vers 23 heures, conseil de guerre chez le capitaine Agostini, à la « vieille usine », à 2 kilomètres de Champlan avec les responsables militaires de plusieurs communes (3) ainsi qu’un lieutenant [italien] du régiment de Cagnoni disposant d’une trentaine de volontaires. On décide que l’attaque aura lieu au lever du soleil, le 10 vers 6 h. 30.
Les groupes se postent sur les positions qui leur sont assignées. Le dépôt de Champlan est cerné le 10 septembre à l’aube par cent cinquante patriotes environ des villages voisins (4). Une voiture ennemie [allemande] se présente au barrage tenu par les patriotes de la Porta, Ficaja, Croce et Scata. Le chauffeur est blessé, un officier est fait prisonnier et la voiture capturée par les francs-tireurs de l’adjudant Toussaint Vinciguerra. C’est alors l’attaque générale ; mitraillettes, mousquetons et fusils mitrailleurs tirent sur les tentes. Surpris, les Allemands essaient de rejoindre leurs camions ; ils sont fauchés ; la défense faiblit ; Albert Gherardi et  Bébé Arrighi pénètrent sur le terrain et somment les survivants de capituler. Ils arborent le drapeau blanc et avancent les bras levés, quand brusquement, des renforts ennemis arrivent. Les patriotes se replient, mais un camion criblé de projectiles roule dans la rivière ; d’autres où gisent des morts et des blessés, atteignent le dépôt sous la protection de deux chenillettes.
Laurence Chavigny arrive d’Ajaccio et annonce aux patriotes la victoire de l’insurrection. Pendant toute la journée, autour de Champlan, la fusillade crépite (5).  Le soir, l’ennemi reçoit de l’artillerie et des chars lourds. Plusieurs centaines de fûts d’essence ont été détruits. Les patriotes n’ont eu qu’un seul tué, Guillaume Bellucci (6) et un seul blessé. Mais l’ennemi a eu plusieurs dizaines de blessés, plus de quatre-vingt morts, et onze véhicules endommagés dont un véhicule blindé.
On se bat encore les jours suivants. Un bar de Silvareccio est transformé en poste de secours. Le 12, avec le concours des hommes de Cagnoni le pont de Malagina est miné et la route La Porta-Rumitorio coupée au lieudit Baccinelle. Le 13 septembre au soir, les Allemands rétablissent la liaison entre Champlan et Stazzona. Le 14, les patriotes coupent, à Leccia-Gelata, le réseau téléphonique reliant les deux dépôts. Les Italiens font sauter le Ponte Bianco. Le 17, Piedicroce tombe [aux mains des Allemands]. Mais leur poussée est contenue à La Porta, au col de Prato (7), au col d’Arcarotta (8). Le 21, les groupes de Carticasi et Cambia poussent une reconnaissance jusqu’à Stazzona et récupèrent sur le cham de bataille de Piedicroce trois mitrailleuses, un mortier et tout un stock de munitions italiennes

Maurice Choury. Tous bandits d’honneur. Ed. Editions sociales. 1973. Pp 162,163.

(1) Composé de Pierre Sagessi, Damien Vittori et Leoncini
(2) Où arrivent Leonelli et Charles Filippi (Campile), le capitaine Castelli (Piedicroce) Bébé Arrighi (Silvareccio)
(3) Notamment, Bébé Arrighi (Silvareccio), le capitaine Vincenti, les lieutenants Raffaeli (La Porta et Ficaja) et Pasqualini (Poggio-Marinaccia)
(4) Parmi lesquels plusieurs groupes du Front national et du Front patriotique des jeunes de la région de Cervione (responsables politiques : Félix Giovannetti et Jean Pinelli) et de San Nicolao, (responsable politique, Charles Bonaldi ; responsable militaire, Jean Marchetti ; responsables F.P.J., Augustin Ricci et Vincent Guelfucci) sous le commandement de Paul Contri
(5) Se distinguent particulièrement les patriotes Berganti, André Bonavita, J.-P Léandri, P. Paolantonacci, Jérôme Paoli, F. Pietrucci, Ange Raffaelli, Villa.
(6) De Pruno, tué à son poste de servant de fusil-mitrailleur, établi à cent mètres de l’ennemi.
(7) Avec le concours de trente patriotes d’Omessa, vingt-cinq de Carticasi et Aïti et trente-sept de Cambia et Saint-Laurent.
(8) Par les patriotes de Tarrano, animés par le jeune Vitani Vitus, mort en 1944 à la suite de maladie contractée pendant la Résistance.

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