Ce fils d’immigrés italiens a tout juste 14 ans quand il est recruté par la Résistance, Agent de liaison, il se révèlera, lors des combats de la Libération, être d’un précieux concours pour les troupes françaises engagées sur les hauteurs de Bastia pour en chasser les Allemands.

Fils d’immigrés italiens Ernest Bonacoscia arrive en Corse un an après sa naissance. Sa famille s’installe près de Saintt-Florent, dans les Agriates à Casta où ils vont exploiter une oliveraie. Il grandit dans cette région de montagne et de bord de mer. A ses heures perdues, il pose des collets dans le maquis, pêche, et finit par très bien connaître son environnement naturel. Durant l’occupation mussolinienne, débutée le 11 novembre 1942, il effectue tous les deux jours la liaison entre sa maison et Saint-Florent pour ravitailler sa famille. Il finit par très bien maîtriser le passage des quatre points de contrôle italiens qui jalonnent ce parcours. Dominique Agostini, l’adjoint de Dominique Vincetti, remarque cet adolescent très dégourdi. Il le recrute comme agent de liaison. Sa grande connaissance des lieux fait d’Ernest Bonacoscia un agent précieux. Il déjoue la vigilance des soldats italiens en passant des messages au travers de ces points de contrôle.

En juillet 1943, Dominique Agostini l’informe d’une importante opération ; une livraison d’armes par un sous-marin, le Casabianca, sur la plage de Saleccia. Il guide les résistants commandés par Dominique Vincetti et trouve une personne qui les attend déjà : le colonel Paulin Colonna d’Istria, le nouveau responsable de la mission Pearl Harbour depuis avril. Ils doivent retirer la moitié des armes déjà enterrées (30 t de matériel) et les transporter dans un lieu sûr. Ce sera la dernière maison du village de Casta.  Dominique Vincetti parviendra à les faire distribuer dans différents secteurs du Nord de la Corse mais sera surpris dans cette maison, avec Charles Galetti, par les carabiniers italiens venus d’Ile Rousse. Il y laissera la vie le 22 août après avoir été blessé. Les activités à St Florent se sont, un temps, stoppées du fait de la présence des chemises noires.

Ensuite les troupes allemandes chassent les soldats italiens et s’installent au col de Teghime dont ils interdisent le passage. Pour ravitailler sa mère et sa sœur, retirées dans la montagne, Il réussit à éviter le col en traversant la plage minée de Farinole, contournant ainsi l’interdiction des Allemands. Il repère les emplacements des mines et marche dans des traces de pas.
En septembre 1943 durant la progression militaire des troupes françaises, ses compétences de guide sont reconnues. Il est sollicité dès lors à tout juste 14 ans, pour sa plus importante mission. Il guide de Saint-Florent au col de Teghime les tabors (goumiers marocains) qui doivent lutter contre des unités d’élite de l’armée allemande. Il s’avère un allié précieux. Ils doivent progresser dans un épais brouillard qui, rapidement dissipé, les met à découvert, occasionnant des pertes -tués, blessés et prisonniers. Il intervient, malgré la mitraille, plusieurs soirs jusqu’au 3 octobre, date de chute de ce verrou qui permettra aux tabors de prendre Bastia le 4 octobre.

L’adolescent Ernest Bonacoscia est décoré de la croix de guerre.

De là, il s’engage dans l’armée en trichant sur son âge et poursuit ensuite le combat avec les commandos d’Afrique en débarquant à l’Ile d’Elbe sous un déluge de feu le 14 juin 1944. Ses compagnons d’arme le surnommeront  « Nénesse ».Il participe au débarquement de Provence dans la nuit du 14 au 15 août 1944 sur la plage du Canadel (Var) avec la première vague des commandos d’Afrique, unité de choc de la France libre du lieutenant-colonel Bouvet. Avec eux, il subit un autre déluge de feu lors de l’assaut des falaises du redoutable Cap Nègre, hérissé de batteries d’artillerie. Ces 600, « démons de la nuit », (surnom de ces commandos)  réussissent ensuite, à Cavalaire (Var), à couper la route du Lavandou aux renforts allemands. Ernest Bonacoscia poursuivra le combat jusqu’en Allemagne.

Après la seconde guerre mondiale, il effectue sa carrière dans l’armée sur les différents théâtres d’opération ; Madagascar, Tunisie, Indochine et Algérie.  Il finit sa carrière militaire avec le grade d’Adjudant-chef d’infanterie. En octobre 2017, Il ne peut assister à la dernière cérémonie qu’il avait créée en l’honneur des tabors marocains. Il décède au Centre hospitalier de Bastia le 31 décembre 2017 à 88 ans. IL a été inhumé au cimetière de St Florent le 2 janvier 2018. Ernest Bonacoscia était marié à Madeleine Bonacoscia née Biadelli.

Décorations : plus jeune croix de guerre de France (à l’âge de 13 ans), 39-45 et TOE, officier de la légion d’honneur DPLV, (Décorés au péril de leur vie). Officier du mérite national, médaille militaire…

Georges PREZIOSI