Il semble qu’on connaisse plus ses œuvres que l’artiste lui-même, d’où la difficulté de faire sa biographie. Bien qu’elle soit lacunaire, il fallait quand même essayer de sortir de l’oubli « Brutus », le résistant de Saint-Florent. C’est ce qu’a fait Georges Preziosi. Les années de naissance et de décès sont exactes, pas les jours et les mois.

Il était engagé dans un réseau de résistance à St Florent.

Artiste peintre, il réalisa un certain nombre d’œuvres d’art et acquit une renommée avant guerre en Corse. Il utilisa plusieurs techniques : aquarelle, (paysage de natures mortes), décoration de théâtre («Colomba» de Prosper Mérimée en 1948), gouache en 1945, lithographie (Femme à la cruche, Cap Corse), mosaïque. Il fut élève de l’Académie des Beaux-Arts de Budapest de 1926 à 1933.

Avant la guerre
Suite à l’instauration d’une « semi-dictature », il serait parti par prudence de Budapest puis de Hongrie, sachant que son engagement politique très à gauche et son appartenance à la communauté juive hongroise devenaient dangereux en Europe de l’Est. La date exacte de son départ n’est pas connue.
Des mesures antisémites avaient été prises dès la mise en place en 1920 du régent du royaume de Hongrie, Miklos Horthy. Ce dernier avait instauré un régime autoritaire dont le mode de scrutin empêchait toute alternance politique. Horthy sympathisa rapidement avec le régime fasciste italien de Mussolini. Progressivement un numerus clausus limita à l’entrée de l’Université le nombre de personnes appartenant à la communauté juive puis leur interdira l’accès à certaine fonctions.
En 1933, l’arrivée au pouvoir des nazis en Allemagne influera la politique de Miklos Horthy qui restreindra encore les libertés de la communauté juive en leur refusant les mariages « mixtes » et la nationalité hongroise. Barta a fui jusqu’en France en passant probablement par l’Italie.

Pendant la période d’occupation
A la mise en place du régime de Vichy, il aurait été placé en résidence surveillée à St Florent ou peut-être s’y serait-il tout simplement réfugié. Il aurait toutefois trouvé, un temps, refuge chez Pierre Casale, le responsable du 1er réseau de résistance de St Florent (futur maire de cette ville à la libération), bien avant l’arrivée de Laurent Préziosi et Toussaint Griffi.
Ces deux agents de la mission Pearl Harbour vinrent d’Alger pour organiser et développer un réseau de résistance dans le secteur de St Florent à Galeria. Ils travaillent avec les services secrets de la Défense Nationale installés à Alger. Il s’agissait de préparer un débarquement pour libérer la Corse avec l’appui du sous-marin Casabianca.
Barta était déjà connu en tant qu’artiste, ce qui ne l’empêcha pas d’être déjà très engagé dans la Résistance. Il les informa précisément de l’implantation locale des troupes d’occupation. Malheureusement il est arrêté le jour suivant. Toussaint Griffi et Laurent Preziosi le croisent deux jours plus tard Boulevard Paoli devant la Poste de Bastia, encadré par deux soldats italiens. Il fera mine de ne pas les voir.
Ils apprendront que le chef de poste du barrage italien qui les avait fouillés l’avant-vielle, à leur entrée à vélo dans St Florent, puis les avait laissés passer mais s’était ravisé. Leur signalement avait été donné. Par des indiscrétions, les italiens avaient su que Barta avait accompagnés les agents secrets au car de St Florent. A cause d’une dénonciation, il sera accusé de faire partie du réseau de St Florent et incarcéré avec plusieurs autres membres.
Il est embarqué pour l’Italie le 9 février 1943 avec d’autres résistants, certains de St Florent, dont le responsable, Pierre Casale, et des Résistants de Corte (le capitaine Canavelli par exemple) et Bastia (Joseph–Louis de Montera) pour être interné dans un camp de concentration.
La lettre de protestation du préfet Balley le 10 février 1943 au Ministre Secrétaire d’ Etat à l’intérieur témoigne de cette arrestation (archives des Bouches du Rhône à Marseille). Il est mentionné comme étant peut-être de nationalité polonaise alors qu’il est hongrois.

Après guerre
En 1948 il fut naturalisé Français pour faits de Résistance. Il reprendra le cours normal de sa vie d’artiste. Il repartira à Ravenne pour se spécialiser dans la mosaïque dont il apprendra la technique  auprès des artisans de cette ville.
Il serait décédé en France en 1961 et inhumé à Saint-Tropez.

Georges Preziosi

LIEN: http://www.artnet.com/artists/ladislas-laszlo-barta/past-auction-results