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Pages d'histoire La mission Fréderick

29 novembre 2019

Après la mission Pearl Harbour débarquée à la mi-décembre écembre 1942, au nord de Cargèse, après la mission Sea Urchin débarquée en janvier 1943 au nord de Propriano, en février 1943, c’est au tour de la mission « Frederick », elle aussi venue d’Alger, de prendre pied en Corse.

Elle est organisée par le Service Secret d’espionnage Britannique I.S.L.D. (Inter Service Liaison Département) M.I.6. Son objectif : créer un réseau de renseignements pour informer les Alliés sur les forces ennemies italiennes qui occupent la Corse depuis le 11 novembre 1943. Elle est dirigée par un opérateur radio des services secrets britanniques, Guy Verstraete, âgé de 25 ans (nom de code : Wlaminck ; nom d’emprunt : Vernuge). Il est accompagné par deux Corses : le premier, Antoine Colonna d’Istria, âgé de 37 ans, originaire de Petreto-Bicchisano, directeur d’un Monoprix à Alger. Le deuxième, un parent à lui, Charles Simon Andreï, âgé de 40 ans est instituteur dans cette même ville.

Les trois hommes quittent Alger le 7 février au soir à bord du sous-marin H.M.S. Tribune avec un émetteur radio, des armes automatiques et leurs affaires personnelles. Dans la nuit du 11 février, le sous-marin choisit la baie de Cupabia (Celle-là même où avait débarqué la mission Sea Urchin de Fred Scamaroni) pour débarquer la mission. A un mille de distance de la côte, le sous-marin met deux canots à la mer. Ils transportent hommes et matériel jusqu’au lieu-dit Scogliu Biancu, près de Cala di Giglio ; non sans quelques frayeurs parce qu’un projecteur ennemi situé à 300 mètres au-dessus balaye la baie de sa lumière.
Le contact est établi avec des parents et amis corses. Colonna d’Istria rejoint Petreto-Bicchisano, Andreï est hébergé par un ami, Jean-Donat Léandri à Propriano. Quant à Vernuge, il s’installe avec son poste radio dans uns bergerie située à 1 km de Tivolaggio, village distant de 16 km de Propriano. De là, il émettra jusqu’à son arrestation, une quarantaine de messages, renseignant les Alliés sur le dispositif des troupes d’occupation.

Un petit réseau de complicités entoure la mission : Jean-Donat Léandri qui sert de boîte aux lettres, Antoine Caponi, le facteur de Propriano qui fait le lien entre Vernuge et Andreï, François Peretti instituteur à Pianottoli-Caldarello, Charles Tomasini un homme d’affaires de Propriano et Jean-Baptiste Cesari, un paysan de Tivolaggio. Mais les activités de la mission n’échappent pas à l’ennemi, informé qu’il a été par un délateur.
C’est en effet le 12 avril que les carabiniers arrêtent Andreï et Verstraete alors qu’ils se rendaient à Cala di Gilio pour préparer l’arrivée d’un sous-marin. Le réseau tombe. Quelques uns se réfugient au maquis. En revanche, Andreï, Verstraete, Léandri et Tomasini sont faits prisonniers et incarcérés à la caserne St-Joseph à Bastia.

Le tribunal Militaire italien se réunit le 5 juillet à Bastia et prononce la peine de mort pour Charles Simon Andreï et Guy Verstraete (alias Vernuge ou Vlaminck). Ils seront exécutés le 6 juillet 1943 à 17 heures après avoir subi les pires tortures. « Vive la France » s’est écrié Verstraete avant de mourir. Charles Tomasini et Jean-Donat Léandri sont condamnés à l’emprisonnement et envoyés en Italie, à Castelfranco, pour y purger leur peine. Tous les deux mourront sous les bombardements alliés lors des combats libérateurs.

A.P.

Source Terry Hodgkinson. « Frederick », la mission oubliée. Ed. Larsen Grove Press, London

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