Madeleine Pinelli, née Tavera, appartient à une famille de condition modeste. Avant-guerre, elle fait ses études à Ajaccio. Au terme de ses études, elle exercera le métier d’institutrice, qu »‘elle continuera d’exercer après-guerre.

En octobre 1940, Madeleine Pinelli accompli son premier acte de résistance publique contre le gouvernement de Vichy. C’est à Pietroso, le village où elle exerce depuis deux ans. La jeune institutrice refuse d’apprendre à ses élèves le chant à la gloire de Pétain, « Maréchal, nous voilà », et refuse de se rendre à la levée des couleurs  sur la place du village ; et ce malgré la réprobation de la majorité de la population et les intimidations du maire du village et des Anciens Combattants.

En 1942, elle est mutée à Vizzavona, plus proche de son village, Tavera, où elle peut se rendre plus facilement par le train. Ce train et les cheminots dont elle appréciera le dévouement et l’efficacité à la cause de la Résistance quand elle en deviendra une active militante du PCF et du Front national de la Résistance.C’est son frère, Jacques, qui lui fait découvrir toute cette activité clandestine qui œuvre à libération du pays. Avec Jacques et la complicité de quelques habitants de Tavera, et en dépit de la présence de l’occupant,  ils impriment tracts et journaux dans une cave (celle de Toussaint Mancini), puis les acheminent par le train à leurs destinataires. Les Tavera, aidés par la famille  Olivieri, hébergent chez eux des résistants évadés de la prison d’Ajaccio. Ils sont aussi agents de liaison. Le frère et la sœur réceptionnent à Ajaccio le radio de Pearl Harbour, Toussaint Griffi, et le mène chez François Mariani à Tavaco, via la famille Conter de Pietralba (A l’époque demeurant à la périphérie d’Ajaccio).

Après la libération de l’île, elle est chargée, début 1944, par le préfet de Corse de se rendre à Alger, en qualité de représentante de la section d’entre aide sociale des « Comités populaires des femmes corses » afin d’établir le contact avec le « Comité directeur de l’entre aide sociale de la Libération ». La guerre terminée, elle reprendra son métier d’enseignante.

Le Général de division Mollard lui adresse, en date du 24 mars 1944, un officiel Témoignage de satisfaction à l’ordre des patriotes corses : « Femme patriote, dressée contre l’envahisseur, a soutenu l’action des Francs-tireurs en assurant leurs liaisons au prix de difficultés sans nombre et parfois d’un réel danger. A été un précieux auxiliaire de ceux qui préparèrent et menèrent à bonne fin la libération de la Corse ». Par décision du 23.10.1947, de la section Décoration au titre de la Résistance, il est attribué à Madeleine Pinelli la Croix de guerre avec la citation suivante : « Patriote ardente qui s’est consacrée à la cause de la Résistance. Par son activité importante, multiple et continue a rendu des services exceptionnels aux chefs clandestins. A préparé et distribué des tracts, effectué des missions de renseignements et de liaison, aidé des patriotes évadés de prison et participé à des transports d’armes dangereux. Cette citation comporte l’attribution de la Croix de guerre avec étoile de bronze » (Signé : Général Dejussieu-Poncarral). Elle sera plus tard décorée de l’Ordre national du Mérite